En marge de la 16e édition du Forum de l’Economiste Maghrébin sur le thème « Tunisie – Afrique : Le continent comme horizon », leconomistemaghrebin.com a interviewé Madame Namia Ayadi, directrice internationale d’Attijari bank.
Elle nous a entretenus sur la participation de sa banque au forum, l’accompagnement des investisseurs tunisiens en Afrique, l’absence de la volonté politique pour établir une stratégie en Afrique et la Tunisie comme portail du continent africain. Interview.
Leconomistemaghrebin.com :En quoi consiste la participation d’Attijari bank à 16e édition du Forum de l’Economiste Maghrébin sur le thème « Tunisie – Afrique : Le continent comme horizon » ?
Namia Ayadi : Notre participation à la 16e édition du Forum de l’Economiste Maghrébin consiste en la présence de nos commerciaux et l’affichage de nos bannières. Au-delà de nos affichages, nos slogans inscrits sur ces bannières sont tout à fait significatifs : c’est un message clair et net qui affirme notre orientation d’accompagner les entrepreneurs et les hommes d’affaires en Afrique pour le développement du flux de leurs commerces externes.
Aujourd’hui, les décideurs d’Attijari bank ont la conviction que le développement du flux du commerce extérieur en Afrique subsaharienne ne pourra pas se faire uniquement à travers des petites missions mais par l’implantation, l’investissement et la création d’une relation de partenariat avec les pays de l’Afrique subsaharienne.
Que représente l’Afrique pour vous ?
Pour moi, l’Afrique c’est la joie de vivre que nous avons perdu en Tunisie depuis les trois dernières années. Il faudrait peut-être regarder l’Afrique avec optimisme pour retrouver cette joie de vivre. Pour le faire, il serait souhaitable que les Tunisiens s’imprègnent de la culture africaine et ne pas se limiter à ne voir que les guerres civiles et autres maux du continent.
Braquons la lumière sur son essor économique plutôt!
Attijari bank accompagne maintes entreprises tunisiennes en Afrique. Pouvez-vous nous en parler ?
Nous sommes présents aux côtés de toutes les initiatives tunisiennes qui sont en Afrique. À titre d’exemple, j’évoquerais notre présence avec la Confédération des Entreprises Citoyennes de Tunisie (CONECT), lors d’une mission au Sénégal. Par ailleurs nos commerciaux sont partis avec des entreprises tunisiennes vers l’Afrique. Et dans ce cadre des rencontres B to B ont été organisées. De même, l’accompagnement des investisseurs tunisiens en Afrique se fait par le biais de nos filiales comme l’ Union Gabonaise des Banque (UGB) et le Crédit du Congo.
À l’heure actuelle, nous sommes en étape de Follow-up. Cinq opérateurs économiques vont repartir au Sénégal. Pour chaque opérateur, nous allons organiser entre cinq et six rencontres B to B, ce qui devrait aboutir à des partenariats concrets.
Nous organisons aussi avec la Société mayex une opération au Gabon et au Congo qui se tiendra à la fin mois de mai. Je précise que nous faisons, également, partie de la commission de réflexion de l’UTICA sur l’investissement en Afrique.
Lors du forum de l’Economiste Maghrébin, plusieurs intervenants ont évoqué l’absence d’une volonté politique vis-à-vis de l’Afrique. Qu’en pensez-vous ?
Parfois pour bousculer les choses, il faut que toutes les composantes du secteur privé (entreprises, entrepreneurs, hommes d’affaires et autres) interpellent les instances dirigeantes. Si les opérateurs économiques tunisiens franchissent le pas pour investir en Afrique, nécessairement, la volonté politique va suivre. Cela dit, il ne tient qu’à nous opérateurs économiques privés de prendre les choses en main.
Rappelons-nous que la Tunisie n’a pas braqué la lumière sur l’Afrique et a manqué de vision pendant les dernières années et actuellement elle passe par un processus démocratique qui n’est pas aussi facile qu’on le croit, contrairement au Maroc et à la Turquie qui ont déjà développé leurs propres visions et leurs propres stratégies.
Nous ne pouvons pas reprocher au gouvernement de Mehdi Jomâa le fait que l’élaboration d’une stratégie pour l’établissement d’un pont avec l’Afrique n’est pas l’une de ses priorités étant donné qu’il a d’autres priorités urgentes.
Croyez-vous vraiment que le secteur privé puisse influencer l’Etat et l’inciter à l’élaboration d’une stratégie sur l’Afrique ?
Oui, tout à fait, aujourd’hui nous voyons que le ministère des Affaires étrangères s’y intéresse : des commissions qui travaillent et des décisions en voie de concrétisation. Je pense que prochainement nous allons voir le fruit d’une certaine dynamique au niveau du gouvernement. Comme je viens de le dire, il ne faut pas attendre que les solutions viennent d’en haut.
La Tunisie serait-t-elle le portail de l’Afrique ?
Il est clair que l’emplacement stratégique de notre pays lui permet d’être un pont entre le Nord et le Sud. D’ailleurs, les responsables et les hommes d’affaires du nord préfèrent que nous soyons en contact avec l’Afrique subsaharienne parce que nous sommes Africains et par conséquent plus proche qu’eux de l’Afrique (langue et culture). Nous avons donc tous les atouts pour réussir.
Plusieurs délégations du nord sont venues récemment en Tunisie :
Une délégation espagnole a exprimé son intérêt à notre pays comme portail de l’Afrique et une délégation polonaise a déjà préparé son programme « Go Africa ». De même, lors d’une mission au Canada, j’ai constaté que les Canadiens s’intéressent également à la Tunisie comme portail de l’Afrique. Pour finir, je dirais que beaucoup de travail reste à faire et pleines d’opportunités à saisir. Et pourquoi pas ne pas établir des relations stratégiques avec le Maroc qui nous a devancés dans ce domaine