Finalement la raison a prévalu sur une partie des 81 députés de l’ANC signataires de la motion de censure appelant le duo Karboul-Sfar à « la barre », puisque plus de leur moitié s’est rétractée, en substituant la motion par une simple déclaration. En soi, c’est un comportement louable, mais quel gâchis malgré ce revirement !
Nous n’épiloguerons pas longtemps sur certains jusqu’au-boutistes qui n’ont, fort heureusement, pas eu gain de cause, mais nous nous étalerons sur ce comportement global vis-à-vis du secteur touristique en pleine déconfiture ou, pour les optimistes, en pleine convalescence. Des annulations pures et simples de l’escale « Goulette » par plusieurs croisiéristes et des pertes importantes pour les artisans, taxistes de Tunis, restaurateurs du centre-ville et commerçants de la bonne vieille rue Jemaa Ezzitouna.
Des manques à gagner qui sont important,s puisque le tourisme de croisière est devenu un vrai pourvoyeur de devises, notamment durant les périodes creuses de la basse et moyenne saison. Mais, bien au-delà des chiffres, c’est l’image d’un pays tolérant qui a été frappée de plein fouet par des apprentis politiciens qui, comme nous l’avons décrit récemment, confondent l’ANC avec les fameuses AG de la vie estudiantine. Bien sûr, certains parleront d’un coup politique, nous n’abonderons pas dans ce sens, car ce serait bien grave de la part de députés mais, en termes de conséquences, c’est du pareil au même.
Que ceux parmi les 81 signataires de la première motion qui, par leur revirement, reconnaissent « de fait » avoir été pris dans la tourmente, sachent que le pays, le peuple, le revenu du citoyen passent avant leurs convictions personnelles quand bien même nous ne voyons pas en quoi le fait que des commerçants tunisiens, en vendant des produits bien de chez nous aux touristes même porteurs de passeport israélien, puisse constituer le premier jalon de la « normalisation ». Surtout, si bien sûr ces messieurs ne le savent pas, les Palestiniens s’assoient autour de tables de négociations avec les dirigeants de l’Etat d’Israël, des résidents de la bande de Gaza et de la Cisjordanie traversent les « check-point » quotidiennement pour aller travailler dans les territoires occupés, le mur de la honte érigé par le funeste Sharon a été bâti par des ouvriers palestiniens et que même des mariages sont célébrés entre Israéliens et Palestiniens.
Est-ce que tous ceux-là sont des traîtres à la cause et que, nous à 3500 km d’Al-Qods, après avoir vécu des lustres avec la communauté juive, nous sommes plus intransigeants dès lors que 20 porteurs de passeports israéliens foulent notre sol, alors qu’ils le font depuis longtemps sans que quiconque ne crie au scandale ? Les questions du pourquoi et pourquoi maintenant restent entières devant de tels faits. Aux 81 députés de l’expliquer.