Réduction des salaires des ministres tunisiens : mesure populaire ou solution radicale pour alléger les dépenses de l’Etat ? Pour le moment, on ne saurait connaitre l’influence que pourrait avoir ce genre de décision sur le budget de l’Etat et sur le citoyen d’une manière générale.
Rappel des faits. Vendredi 2 mai, M. Nidhal Ouerfelli, porte-parole de la présidence du gouvernement et ministre auprès du chef du Gouvernement chargé de la Coordination et du suivi des affaires économiques, annonce, contre toute attente, deux décisions gouvernementales : la première consiste en la réduction de 10% des salaires des ministres et des secrétaires d’Etat et la deuxième est relative au remplacement des bons d’essence des voiture des fonctionnaires par une prime financière, et ce, à partir du 1er juin.
Ces décisions, prises suite à un Conseil ministériel, quatre mois après la nomination du gouvernement de Mehdi Jomaa, donnent l’impression qu’elles sont d’une urgence extrême. Alors que se pose la question de savoir s’il n’existe pas d’autres chantiers plus urgents et structurels à entamer ? D’ailleurs, la problématique autour des salaires des responsables de l’Etat ne date pas d’hier. Le citoyen tunisien se rappelle encore de la polémique soulevée sur le salaire et la pension de retraite de l’ancien président de la République par intérim, Foued Mebazaa.
Bien avant de s’attaquer aux salaires des ministres, ne serait-t-il pas plus adéquat de se pencher sur d’autres chantiers comme la situation épineuse des entreprises publiques : Tunisair dont les revenus a baissé de 83 MD en 2013 et dont le déficit est de 100MD au cours de la même année, la Société tunisienne de l’électricité et du gaz (STEG), dont le montant des factures impayées s’élève à plus de 553 millions de dinars et la Compagnie des phosphates de Gafsa (CPG) dont la reprise des activités s’est faite dans une situation difficile, grâce à l’intervention de l’armée, sans oublier le sureffectif dont elle souffre.
Autre chantier à entamer, la préservation du pouvoir d’achat du consommateur : l’exemple le plus parlant demeure celui de l’augmentation du prix du concentré de tomate.
Un pouvoir d’achat qui dégringole et qui se fait écraser par la flambée des prix. N’est-ce pas une réalité des plus dramatiques dans cette période post printemps tunisien, soi-disant annonciateur de liberté et de dignité ?
En quoi consiste l’utilité de la réduction des salaires des ministres pour la classe moyenne qui peine à joindre les deux bouts ? C’est la question que pourrait se poser un fonctionnaire qui fait la queue pour avoir une avance sur salaire de sa banque, sous le regard sévère du chef d’agence.
Le pouvoir d’achat, c’est là que le bât blesse car, qu’il soit sensible ou non à la situation des entreprises nationales, qu’il soit intéressé ou non à la révision à la baisse des salaires du ministre, Monsieur Tout-le-Monde est beaucoup plus sensible à son pouvoir d’achat et à la stabilité des prix.