Y a-t-il un pouvoir digne de ce nom en Libye ? Le coup de grâce a été donné hier à un pays en état de délitement, quand le Congrès national, le seul détenteur d’un semblant de légitimité, a été contesté par l’armée, dans une Libye en proie à l’anarchie totale depuis la chute du dictateur libyen en octobre 2011, les autorités de transition ne parvenant pas à contrôler les innombrables milices armées qui font la loi dans le pays. Réunissant d’anciens rebelles et dominées par les islamistes, elles comblent le vide en matière de sécurité laissé par un Etat qui peine à construire ses institutions.
Ainsi, la Direction générale de l’Armée Libyenne a annoncé dans la soirée du dimanche 18 mai 2014 la suspension des travaux du Congrès National, la plus haute autorité politique du pays et le maintien du gouvernement actuel comme gouvernement de gestion des affaires courantes pour une période provisoire.
« Nous, membres de l’armée et les révolutionnaires, nous annonçons la suspension du Congrès national », a déclaré le colonel Mokhtar Fernana, commandant de la Police militaire, sur deux chaînes privées de télévision, en bien précisant qu’il ne s’agissait pas d’un coup d’Etat.
Ce colonel, originaire de la ville de Zenten, au sud-ouest de Tripoli, n’a pas donné plus de précisions sur les répercussions de cette annonce sur le terrain, en l’absence d’une armée professionnelle qui ne contrôle pas les milices qui font la pluie et le beau temps. Plus tard, une des deux télévisions, qui a diffusé le communiqué, a été la cible d’une attaque à la roquette, provoquant des dégâts matériels, mais sans faire de victimes.