Investia 2014, la deuxième édition du Salon de la Bourse et des services financiers s’est tenue aujourd’hui 22 mai, au siège de l’UTICA sous le thème « Le financement de l’entreprise par le marché boursier ». Investia se propose de développer la culture boursière, inciter les entreprises, notamment les PME, à lever des fonds aux meilleures conditions du marché, pour financer leur développement autrement que par le recours aux crédits bancaires.
Les travaux de la conférence ont été inaugurés par l’organisation d’un panel sur le thème « La Bourse, comment servir l’économie ? Assistance, accompagnement et financement des PME-PMI».
Habib Karaouli PDG de la Banque d’Affaires de Tunisie a assuré la modération du panel auquel ont participé : Chedly Ayari, Gouverneur de la BCT, Hakim Ben Hammouda, Ministre de l’Economie et des Finances, Kamel Ben Naceur, ministre de l’Industrie, de l’Energie et des Mines, Thierry Gianni, président de l’Observatoire français du financement de l’entreprise, Jamel Bel Haj Directeur géneral de la CDC, Stefan Nalletamby, Directeur du département financier à la BAD et Salah Essayel président du Conseil du marché financier.
Introduisant le panel inaugural, Fadhel Abdelkeffi président du conseil de la BVMT a déclaré que le financement des PME, thème choisi pour l’édition 2014, s’inscrit dans le cadre du renforcement du financement de l’économie nationale. Présentant l’activité boursière, il a annoncé que des 45 entreprises cotées en 2012 on est passé à 73 entreprises aujourd’hui. Coté financement, l’activité boursière a permis de mobiliser 650 millions de dinars au profit des entreprises et 600 millions de dinars au profit du Trésor public, confirmant ainsi que la BVMT peut être une source de financement de l’économie nationale.
Mais volet capitalisation, la BVMT n’a enregistré que 15 millions de dinars de capitalisation, montant encore en deçà du potentiel existant. Pour ce qui est des entreprises cotées en Bourse, il est à relever la faible diversité des secteurs économiques représentés avec une absence de certains secteurs importants tels que le textile, les télécom.
De même, il y a lieu de relever également la faible participation de la Bourse au financement de l’économie nationale qui atteint seulement 7%, d’où la nécessité d’introduire des réformes de nature à dynamiser cette activité financière aussi importante. Il faut également relever l’absence des investisseurs institutionnels et le faible pourcentage (7%) des portefeuilles détenus par des étrangers, faisant de la BVMT une bourse fermée.
Toutefois, parmi les acquis enregistrés figurent le nombre important de petits porteurs qui ont fait confiance à la Bourse, ainsi que l’accroissement du nombre des entreprises cotées qui progressera cette année de six à huit.
Enfin, concernant l’emprunt national lancé début mai, le ministre a déclaré que les informations relatives aux souscriptions sont très positives.
Intervenant dans ce panel, Chedly Ayari, gouverneur de la BCT, a déclaré que tout le système financier tunisien est en voie de réforme. Ce système avec le trésor, les banques, les crédits, les assurances et le marché financier est un tout indécomposable et sa réforme implique la réforme de toutes ses composantes.
La rénovation du système financier tunisien passe par celle du marché des capitaux, a ajouté le Gouverneur relevant que l’entreprise tunisienne reste encore prisonnière des crédits bancaires classiques. De même les banques doivent trouver d’autres sources de liquidités autres que les dépôts comme par exemple la titrisation des dettes.
Cette réforme du système financier en cours de finalisation a été présentée et acceptée par toutes les parties prenantes nationales et internationales et les résultats seront annoncés d’ici juillet prochain.
En marge de cette manifestation, il a été procédé à la signature d’un accord de partenariat entre l’UTICA et la BVMT, en vertu duquel les deux parties s’engagent à conjuguer leurs efforts visant à stimuler l’investissement privé et redynamiser l’économie. Les deux parties se sont aussi engagées à réaliser des actions communes, afin de faciliter l’accès des entreprises au marché boursier, pour qu’elles réussissent leur développement et renforcent leur compétitivité. Le partenariat vise aussi à développer cette activité boursière au niveau des régions et des divers secteurs d’activité. A ce propos, il a été annoncé qu’une demande a été formulée auprès de la BAD pour financer, à travers un don, une partie du diagnostic et du business plan des entreprises demandant l’entrée en Bourse.
Par la même occasion, des accords de coopération ont été signés entre d’une part, la Bourse de Tunis et la Bourse d’Alger (SGBV), la Bourse régionale des valeurs mobilières (BRVM) de l’Union Economique et Monétaire Ouest-Africaine (UEMOA) et la Bourse de Douala (Cameroun).
Prenant la parole, Wided Bouchamaoui, présidente de l’UTICA, a déclaré que l’organisation d’Investia 2014 au siège de l’UTICA confirme le partenariat établi entre la centrale patronale et la BVMT. Ce partenariat était nécessaire, a ajouté Mme Bouchamaoui, vu le rôle très important que jouent les PME et PMI dans l’économie tunisienne et du besoin de ces entreprises d’un financement autre que bancaire. La présidente de la centrale patronale a lancé à cette occasion un appel aux entreprises tunisiennes pour qu’elles s’introduisent en Bourse, ajoutant que les entreprises familiales ont de grands efforts à faire dans ce domaine et que l’UTICA contribuera à assurer une meilleure visibilité de la BVMT.
Lui succédant, Hakim Ben Hammouda, ministre de l’Economie et des Finances, a relevé le rôle limité que joue le marché financier dans le financement de l’économie nationale, ajoutant que son département est en train de réfléchir sur les moyens à mettre en œuvre pour développer ce marché financier. Le ministre a aussi relevé la difficulté que rencontre le développement de l’offre, vu que l’entreprise familiale domine le tissu industriel. Toutefois, a ajouté le ministre, il est utile de relever le changement important dans l’attitude des entreprises tunisiennes vis-à-vis du marché financier, mais des progrès restent encore à faire.
Concernant, le faible rôle quasi inexistant des investisseurs institutionnels, le ministre a annoncé qu’une série de mesures à même de renforcer ce rôle sont en train d’être élaborées et verront bientôt le jour pour dynamiser encore plus le marché financier qui est appelé à jouer un rôle de plus en plus important dans le financement de l’économie nationale.
Le ministre de l’Industrie, Kamel Ben Naceur, a dans son intervention relevée que 93 % de la capitalisation s’effectue en dehors de la Bourse, ajoutant que le secteur industriel est constitué à 95% de PME lesquelles sont le moteur de l’économie nationale. Sur 100 projets de création d’entreprises, a ajouté le ministre, seul 6% aboutissent à des entreprises par manque de financement et d’appui des banques, de même que seulement 2% des entreprises créées arrivent à survivre après trois ans. Ce taux de défaillance des entreprises est parmi les plus élevés parmi les pays émergents.