Entendu récemment sur les ondes d’une radio FM, le premier responsable de la STAM, malgré tout son verbe, très politiquement correct, n’a rien pu devant deux accablants constats chiffrés. Le premier relatif au nombre de containers enlevés par jour dans le port de Radès. Sept à huit au total contre un engagement signé d’en lever 12.
En bon statisticien, il a atteint la moyenne diriez-vous (le 10 des pouvoirs publics pour les avertis) ? De prime abord oui, mais cela devient tout relatif, voir insignifiant et presque révoltant, quand vous comprenez, tout d’abord, que l’objectif est déjà bas, très bas. Et qu’ensuite, la moyenne qui s’en dégage est de 205 minutes pour enlever un conteneur, alors que dans certains ports, l’enlèvement d’un conteneur ne prend pas plus de 22 minutes pour enjamber le bastingage du bateau et quitter du port. Cela donne un rapport de 1 à 9. Quand sous d’autres cieux, les manutentionnaires enlèvent 9 conteurs, au port de Rades, on y enlève 1 seul pour le déposer à quelques mètres.
Le second constat, lui, a trait à la masse salariale de la STAM de 2013, composée à parts égales entre les salaires servis et les heures supplémentaires ( !). Ceci s’appellent payer la non-productivité deux fois. En servant les salaires, tout d’abord, pour un travail qui est mal fait, puis en bonifiant des heures supplémentaires pour un deuxième travail mal fait et qui n’avait même pas de raisons d’être.
Cela explique parfaitement la physionomie des comptes de la STAM qui restent plombés avec un niveau de charges du personnel disproportionné. Ceci explique, également pourquoi, à chaque fois que l’on touche au port de Radès, on entend des vertes et des pas mûres au point que l’on finisse par penser que c’est est une vrai zone off shore. Des prestations en deçà de l’inimaginable et des salaires dignes d’une entreprise de performances économiques hors normes.
Deux petites précisions pour terminer, si la STAM a besoin de tant d’heures supplémentaires, pourquoi ne pas recruter parmi les chômeurs et élargir ainsi la base de partage du gâteau. Cela aura au moins un sens social. Second élément, est-ce qu’il n’y a pas un texte administratif qui limiterait à 40 heures/mois les heures supplémentaires par employé? Auquel cas, ne serait-on pas en risque réglementaire ?
Le second bijou des pépites des entreprises publiques est bien sûr, notre pavillon national aérien, Tunisair. Une société qui gagnait de l’argent, par le passé, malgré ce qu’a pu lui causer le clan Ben Ali mais qui devient incapable de sortir la tête de l’eau compte tenu des effectifs « retrouvés » subitement post-révolution. A y regarder de près, les employés de Tunisair peuvent-être considérés comme un modèle de bravoure : ou on s’en sort ensemble ou on sombre ensemble ( !).
Le hic c’est qu’une boite qui est déjà livrée à l’Open sky, ne peut avoir des ratios de prestations en total décalage par rapport à ses concurrents. Là où il faut une ressource, Tunisair, la brave, en retient 2,5. Cela, se traduit, en fin d’année par une dernière ligne du compte d’exploitation négativement faramineuse. Dans pareil cas, la bravoure équivaut, tout simplement, à un harakiri collectif surtout qu’en face, le PDG qui la conduit actuellement, n’a de cesse de tenter de sauver ce qui peut l’être encore avec, en guise de récompense, un traitement dégradant de ceux qu’il est venu sauver. « Dieu ! Pardonnez leur. Ils ne savent pas ce qu’ils font ».
Le troisième et dernier exemple est le Groupe chimique. Le ministre, le PDG et l’ensemble du gouvernement nous annonce, en cœur, une reprise de la production durant le premier quart de l’année 2014 par rapport à la même période …2013. La belle référence (!). Ce qu’ils oublient de préciser, c’est que l’année 2013 était une année catastrophique et que le niveau atteint au premier trimestre 2014 équivaut, en production, à la moitié de la même période de 2010 avec néanmoins, un poids quadruple au niveau des salaires et des salariés se prélassant, pour une bonne partie d’entre eux, dans des grâces matinées quotidiennes à ne pas finir et des pauses cafés qui durent le temps de l’éveil.
Productivité dites vous ( !). C’est là une notion venant d’une autre planète. Sa destination : L’entreprise tunisienne. Son but : en faire son univers. On aurait aimé que ce soit vrai mais comme dans le film « Les Envahisseurs », malheureusement dans un rôle aux antipodes, nous avons des milliers, des millions de David Vincent pour empêcher le miracle de se produire.