L’Institut Arabe des Chefs d’Entreprises (IACE) a organisé, les 5 et 6 juin à Tunis, la deuxième édition de « Tunis Forum », qui a regroupé des décideurs politiques africains, des personnalités éminentes du secteur privé, des médias ainsi que des opérateurs économiques et financiers internationaux.
A la clôture de ce forum, l’IACE a identifié une stratégie pour asseoir un partenariat optimal et porteur avec les pays africains, le but étant d’avoir des orientations claires et concrètes qui peuvent constituer, dans le futur, une feuille de route aussi bien pour les acteurs politiques qu’économiques. Cette stratégie touche trois axes, à savoir le développement humain, la logistique et le commerce et la coopération entre les institutions.
Dans chacun de ces domaines, la proposition de l’IACE dresse un état des lieux de la coopération existante et propose des alternatives pour la renforcer et l’inscrire dans la durée.
Dans le volet développement humain, la stratégie recommande de faire intervenir un troisième acteur qui sera un bailleur de fonds (BAD, BID ou BM). Il s’agit, dans ce cadre, de concevoir des programmes adaptés, de trouver les financements nécessaires et de les vendre clés en main aux partenaires. Deux acteurs incontournables entrent dans la mise en place de cette coopération technique : il s’agit de l’ATCT ( Agence tunisienne de coopération technique ) et de l’ATFP ( Agence tunisienne de formation professionnelle ).
Malgré les moyens limités, le Gouvernement tunisien devra lui aussi œuvrer à créer un fonds spécial du Trésor qui sera géré par le ministère de la Coopération, pour lequel on accordera une allocation annuelle de deux millions de dinars et qui servira à financer la formation de 400 cadres de pays amis par an. De même, l’ENA peut bénéficier de ce fonds pour financer l’organisation de cycles courts au profit de fonctionnaires de pays amis
La santé est incontestablement le secteur où la Tunisie peut se prévaloir de pouvoir servir de modèle dans ce secteur. C’est pour cette raison que la stratégie recommande de poursuivre la politique des caravanes sanitaires financées par la société civile, d’accueillir les étudiants pour les formations initiales et les cadres pour des cycles de perfectionnement ( ATFP ) et de concevoir des programmes de formation et d’intervention in situ et trouver les financements auprès des organisations régionales ou internationales ( ATCT ).
Pour ce qui est de la recherche scientifique et de l’enseignement, la stratégie propose d’accueillir, à nouveau, des étudiants dans le secteur public et de s’assurer de la qualité de l’enseignement privé dispensé aux étudiants africains, de choisir des thématiques de recherche précises et enfin de lancer des appels d’offres auxquels ne peuvent soumettre que des équipes communes.
La logistique et le commerce ont été aussi inclus dans cette stratégie d’autant que Tunisair compte lancer 20 nouvelles lignes sur l’Afrique subsaharienne d’ici 2018. Il est important, toutefois, ajoute la stratégie, de veiller à ce que les nouvelles lignes desservent des villes où nous avons une présence consulaire, afin de faciliter les procédures de visa. Ces nouvelles lignes devront, en outre, être en continu afin de bénéficier de la cinquième liberté. De même, il y a lieu de conclure un accord de partenariat avec la RAM, Egyptair ou Alitalia en vue d’accroître les liaisons avec les villes de Casablanca, Le Caire ou Rome qui serviront alors de hubs.
Pour le transport maritime, il s’agit, ici, non pas de créer des lignes maritimes dédiées à l’accompagnement des exportateurs, mais d’exploiter celles existantes. Le principe consiste à acheminer les conteneurs vers les grands hubs de transbordement.
La stratégie relève aussi que la Tunisie ne dispose d’aucun réseau bancaire en Afrique subsaharienne, au moment où le Maroc marque une présence bancaire forte sur le continent et qu’il n’est pas réaliste d’envisager, sur le court terme, la mise en place d’un réseau bancaire tunisien. Il serait, donc, plus approprié d’inciter les banques, via la BCT, à conclure des accords de partenariat avec les réseaux bancaires français ou marocains. Toutefois, il y a lieu de densifier le réseau des correspondants directs des banques tunisiennes (à l’horizon 2015-2020) et de faciliter l’ouverture de comptes en Franc CFA pour les opérateurs travaillant sur les pays d’Afrique de l’Ouest et Centrale.
Dans le domaine de la protection des investissements, la stratégie demande d’engager un processus de négociation d’accords de protection des investissements avec l’Angola, le Cameroun, le Nigeria, le Ghana, la Guinée équatoriale, le Kenya, l’Ouganda, le Sénégal et la Tanzanie. Elle ajoute qu’il y a lieu donc d’engager un processus de négociation de conventions de non-double imposition avec plusieurs pays africains.
Pour ce qui est des accords commerciaux, il faudrait conclure au moins deux accords préférentiels avec deux pays de la région ( 2015- 2020) et au moins un accord de libre-échange avec un groupement régional, UEMOA ou CEMAC (2015-2025).
Dans le cadre de sa stratégie de développement du secteur des TIC, la Tunisie doit soutenir les sociétés de services en ingénierie informatique ( SSII ) capables de se déployer en Afrique (2015-2020), avec pour objectif de doubler en cinq ans les exportations de biens qui sont actuellement de l’ordre de 700 millions de dinars (2015-2020).
Au niveau diplomatique, il est opportun de penser à ouvrir cinq nouvelles ambassades au cours de la prochaine décennie et de faciliter l’octroi des visas pour certaines catégories de personnes, ainsi que dans les aéroports tunisiens d’arrivée et d’améliorer la qualité de l’accueil des voyageurs en provenance de l’Afrique subsaharienne dans les aéroports.
Le suivi de cette stratégie devra se faire via un réseau à créer, présidé par le secteur privé et auquel participeront à égalité secteur public, privé et ONG.