Demain, le 25 juin 2014, se tiendront les élections législatives en Libye. Décidées depuis février dernier par le Congrès général national (CGN), l’annonce des élections législatives anticipées faite le 20 mai, a été accélérée par la montée en puissance du lieutenant-général Khalifa Haftar. Les partisans de Khalifa Haftar avaient en effet attaqué le CGN, où siègent plusieurs députés islamistes, accusés par Haftar de soutenir les groupes islamistes radicaux tels que Ansar Chariaa.
En raison des affrontements qui opposent les forces de Hafter aux milices islamistes et aux groupes tribaux armés, mais également des revendications des régions et des tribus pour un partage équitable des revenus des hydrocarbures du pays, ces élections se tiennent sur fond de chaos politique et social et représentent un défi organisationnel et sécuritaire de taille. Les autorités libyennes se disent toutefois bien préparées. Jamal Barkan, le directeur de la commission électorale à Benghazi, a assuré sur la chaîne Euronews qu’une commission conjointe de sécurité veillait à la sécurité de quelque 180 bureaux de vote dans la ville. Il en serait de même pour les 4.000 bureaux de vote dans les 75 circonscriptions électorales du pays qui devront demain accueillir quelque 1.509.317 électeurs dont 603,708 sont des femmes.
La commission centrale des élections a distribué 12 699 badges d’accréditation aux observateurs, aux médias nationaux et internationaux, et aux représentants des candidats et aux invités. Près de 11% du personnel accrédité sont des femmes. Tous devront ainsi superviser l’élection des 200 nouveaux représentants des Libyens au Parlement.
Les pays occidentaux attendent les résultats de ces élections. Tout en se félicitant de la tenue de ce rendez-vous électoral, les membres du Conseil de sécurité ont souligné hier, le 23 juin 2014, que ces élections « constituent une étape importante dans la transition de la Libye vers la gouvernance démocratique stable et une opportunité pour le peuple libyen pour choisir un gouvernement de transition qui réponde à leurs aspirations légitimes ». Le Conseil de sécurité a également réitéré son soutien à la Mission d’appui des Nations unies en Libye et loué ses efforts de médiation entre les différentes forces politiques libyennes. A celles qui rejettent le terrorisme et la violence, le Conseil de sécurité a lancé un appel au dialogue afin de parvenir à un consensus sur les prochaines étapes et les priorités de la transition démocratique.
Catherine Ashton, la vice-présidente de la Commission européenne et haut représentant de l’Union pour les affaires étrangères et la politique de sécurité pour l’Union européenne, a estimé critique la situation en Libye : » Nous pensons que les élections du mercredi sont un moment important. Nous espérons qu’elles seront pacifiques et inclusives, et conduiront à la formation d’un gouvernement qui peut avoir un large soutien politique« , a déclaré hier Ashton au Luxembourg, tout en rappelant les efforts consentis par son « envoyé Bernardino Leon qui travaille très dur avec les partenaires sur le terrain ».
Les Etats-Unis, encore secoués par l’attentat de Bnaghazi qui a coûté la vie à l’ambassadeur américain J. Christopher Stevens et trois autres ressortissants américains en septembre 2012, sont disposés à aider les autorités libyennes à sécuriser les élections de demain. C’est ce qu’a affirmé le mois dernier l’ambassadrice américaine en Libye Deborah Jones qui n’a toutefois pas omis de rappelr la complexité de la situation en Libye et la difficulté d’y instaurer le dialogue et la paix.
La Tunisie, elle aussi, est concernée par ces élections. Quels que soient leurs résultats, les élections législatives du voisin libyen auraient sûrement des effets politiques, économiques, sécuritaires et sociaux sur les Tunisiens, les Tunisiens résidant en Libye et les quelque 1,2 millions ressortissants libyens vivant en Tunisie.