Les médias, les politiques, la société civile et l’opinion publique semblent désormais garder le silence face aux attaques terroristes. Ce qui a le plus intéressé les Tunisiens hier étaient les feuilletons, la Coupe du monde de football et les caméras cachées et non pas les mines cachées dans les montagnes du Kef et de Kasserine qui continuent de faire des victimes parmi les Tunisiens.
L’assassinat de quatre valeureux militaires, le jour de la discussion à l’ANC de la Loi antiterroriste, n’a mérité ni un deuil national, ni une forte réaction de la société civile; pas même une couverture médiatique suffisante, encore moins une condamnation ferme de la part des partis politiques.
En raison de l’importance du nombre de soldats tués et du rôle des médias dans la société et la mobilisation de l’opinion publique, il convient d’évoquer la réaction des médias quant à l’attaque de nos soldats au Kef.
C’était une parfaite dérive médiatique. Il y a eu hier tant de faits qui ne trompent pas et qui témoignent du silence des médias à l’égard de ce qui s’est passé le 2 juillet au Kef. L’assassinat hier de quatre de nos soldats n’a pas retenu non plus l’attention nécessaire comme cela se fait après chaque attaque terroriste. Cela constitue certes un précédent dans la chronologie des attaques terroristes en Tunisie.
L’événement a occupé une place très minime dans les médias audiovisuels. Hier, les chaînes télévisées tunisiennes étaient sur une mauvaise piste marquée par une inquiétante ambivalence et par une absence de tout effort de professionnalisme dans la couverture de l’événement. La quasi-totalité des chaînes télévisées ont continué leur programmation comme si de rien n’était. et c’est bien là que ça fait mal.
Parce que chaque Tunisien mérite qu’on parle de lui, le silence se transforme en de l’indifférence, un silence comme on n’en a jamais vu depuis la première attaque terroriste contre nos militaires, garde nationale et police. Les médias ont failli à leur devoir, à la déontologie de leur profession. Seuls les réseaux sociaux ont brillé par le partage des informations. Les médias classiques étaient quasiment absents de la scène de la tuerie survenue en plein jour au Kef. Il en ressort ce sévère constat : l’échec n’était pas seulement sécuritaire, mais aussi médiatique.
Ils avaient tort. Au lieu de faire en sorte de diaboliser davantage les terroristes, les médias sont tombés dans le piège de la désinformation où les grands gagnants sont les terroristes qui ont parfaitement atteint un premier objectif : la banalisation du terrorisme auprès de l’opinion publique, un des ingrédients de la guerre qu’ils mènent sur le sol tunisien.