Parmi les mérites de la 32e édition du Festival de la Médina, il y a le défi de relever le pari de l’élitisme, celui d’affiner le goût du public à un moment où nous reprochons à nos festivals leur penchant pour la musique commerciale et l’art de la consommation.
Venus rarement en Tunisie, les derviches tourneurs ont présenté une saisissante performance sur les planches du Théâtre municipal de Tunis, ce 8 juillet, grâce à la coopération de l’ambassade de Turquie en Tunisie. D’ailleurs, la salle était archicomble. Quels que soient les reproches qu’on puisse adresser au public tunisien, celui qui a assisté à cette soirée n’est pas celui de la musique populaire. C’est un public élitiste de musiciens, mélomanes et universitaires en quête de musique savante.
Mais qui sont-ils ces derviches tourneurs ? C’est une tradition qui trouve son origine dans le monde du mysticisme et du soufisme du XIIIe siècle. Danse en forme giratoire c’est ainsi qu’on peut qualifier cette performance pour aboutir à une transe spirituelle appelé le samā. Tout est symbole dans cet art : le mouvement des bras, le mouvement giratoire, et la musique qui célèbre Dieu, le Prophète et l’univers.
D’après les spécialistes, cette danse est une sorte de prière, un dépassement de soi à l’union suprême avec Dieu. Le mouvement giratoire est symbole de l’univers voire « le symbole de la loi religieuse qui embrasse la communauté musulmane tout entière et ses rayons symbolisent les chemins menant au centre où se trouve la vérité suprême ».
Main sur les épaules, bras croisés, mains sur les épaules, ils se mettent à tourner lentement, sur eux-mêmes, puis écartent les bras, la main droite tournée vers le ciel pour récolter la grâce de Dieu et la main gauche tournée vers le sol pour la dispenser aux hommes.