L’Emprunt national qui a prouvé son efficacité en mobilisant au profit des caisses de l’Etat 955 (MD) n’est pas encore tombé dans les oubliettes. Certes, les Tunisiens attendent que le gouvernement, qui s’est précipité pour le lancer le 12 mai 2014, passe à la concrétisation de ses promesses.
L’Emprunt national a été clôturé au mois de juin 2014 mais voici qu’au mois de juillet nous assistons à de nouvelles propositions pour lancer un deuxième emprunt national. Cette proposition est cette fois-ci motivée par une cause nationale, paraît-t-il. Les soldats que nous avons vu périr sur le champ de bataille, la hantise de la sûreté nationale et la volonté de bien équiper notre Armée nationale sont à l’origine de cette idée.
Premier sur la liste Ahmed Néjib Chebbi, président du bureau politique du parti Al Joumhouri, puis ce fut le tour de Meherzia Laabidi la première vice-présidente de l’ANC qui a affirmé, hier 20 juillet, en marge d’une cérémonie organisée par le mouvement Ennahdha, pour fêter la Journée du savoir, qu’elle sera la première à y participer au cas où cette initiative serait lancée.
Certes les intentions sont louables, cependant dans un souci de transparence, il serait rassurant, avant d’entamer quoi que ce soit, pour toutes les composantes de la société tunisienne notamment ceux qui ont souscrit à l’emprunt national, à ceux qui ont répondu à « l’appel de la Tunisie » : Banques, hommes d’affaires et quelques particuliers que le gouvernement provisoire réponde à cette question : « Où va aller l’argent de l’emprunt national ? ».
Par ailleurs, les défenseurs du deuxième emprunt national semblent oublier que l’emprunt n’est pas la panacée pour l’éradication du terrorisme en Tunisie. D’autres mesures devraient être prises en urgence telles que l’adoption de la nouvelle loi anti-terroriste dont les discussions au sein des commissions compétentes n’ont pas encore donné leurs fruits, la mise en place d’une stratégie nationale contre le terrorisme qui commence par l’éducation des écoliers, élèves et toutes les catégories des jeunes dans le refus du fanatisme et tout genre d’extrémisme tout en mettant en valeur une image d’un islam tunisien malékite acharite modéré. C’est ainsi que nous pourrions garantir que les prochaines générations des jeunes s’épanouissent loin de l’univers terroriste et obscurantiste.
Étant donné que la pauvreté et la précarité font le lit du terrorisme, la mise en place d’une stratégie économique garantissant une certaine justice sociale s’impose. Rappelons que la majorité des jeunes ayant emprunté le chemin du Djihad sont issus de familles indigentes, ce qui nécessite l’intervention de l’Etat.
Sur ce point Riadh Sidaoui, politologue, spécialiste du Monde arabe et notamment de l’Algérie et des mouvements islamistes, a lors d’une interview accordée à leconomistemaghrebin.com, pointé du doigt ce problème : Les choix économiques tunisiens sont erronés. Ils sont contre-révolutionnaires car il s’agit de choix ultralibéraux », avant de rappeler : « le noyau dur de la Tunisie s’est révolté à cause du chômage et de la précarité. Les jeunes des régions défavorisées espéraient un Etat social, voire un Etat-providence, un secteur public fort, un Etat capable de répondre aux aspirations des jeunes ».