AEROLIA vient de signifier son intention d’implanter une unité de composants d’ avions Airbus au Maroc. L’investissement de 40 millions d’euros, avec à la clé la création de 500 postes d’emploi dans une première phase, devait, initialement, être réalisé en Tunisie.
Au-delà de cette annonce, il faudrait voir et prévoir une sortie en douce d’AEROLIA de Tunisie et surtout un revirement stratégique du groupe EADS (Airbus) qui avait pourtant choisi, au milieu des années 2000, la destination Tunisie pour délocaliser, ou localiser, une partie de sa production. Ce choix, rappelons-le, n’est pas une simple décision de la direction d’AEROLIA mais bien une action réfléchie du groupe EADS qui avait, durant un passé récent, choisi Tunis comme site de production privilégié de ses composants en Afrique du Nord.
Une décision mûrement réfléchie, prise à l’issue d’un long processus de sélection, qui sanctionnait positivement une défense acharnée du site Tunisie par les pouvoirs publics de l’époque qui avaient affronté, entre autres, le dossier de la destination Maroc avant de s’imposer. Juste après la Révolution, la destination Tunisie était encore à l’ordre du jour puisque la Tunisie avait offert une image d’une révolution soft, au parfum de jasmin, qui pouvait ne pas exister dans d’autres contrées, y compris au Maroc. L’idée défendue alors, y compris par les responsables du groupe, se basait sur le fait que la Tunisie avait déjà cuvé son vin et que les autres pays, encore « calmes », allaient rapidement être contaminés par la fièvre révolutionnaire sans que le jasmin ne soit garanti.
Des grévistes sciant la branche sur laquelle ils sont assis
Or, trois années après, la révolution s’est enlisée et a été doublée d’une course aux abîmes grâce à des revendications sociales sans bornes et une quasi-absence de l’Etat. La goutte qui a fait déborder le vase est le «lock-out » de cinq jours qu’a connu au mois de mars dernier le site d’AEROLIA à Mghira, dans la banlieue de Tunis, durant lequel, le site a perturbé les chaînes de production de la maison mère et a offert une image peu encourageante pour le futur du site Tunisie.
L’absence d’une vision stratégique aussi bien de l’Etat que de ceux qui ont dirigé et tenu le « lock-out » a fini par réorienter le nouveau projet vers le Maroc. Ainsi à vouloir tout avoir immédiatement, les grévistes de Mghira, s’ils ont obtenu gain de cause sur leurs revendications ont, néanmoins, condamné pour des années sinon, irrémédiablement, la destination Tunisie et certainement scié la branche sur laquelle ils étaient assis même si le service de communication de la société justifie sa nouvelle destination par une variation de ses sources d’approvisionnement (! )
Du côte de la Place Mohamed-Ali et de la Kasbah, l’exemple AEROLIA Tunisie devra être longuement ruminé car il constitue un signe négatif fort pour tous les IDE et même toutes les sociétés déjà implantées en Tunisie, vivement agacées, pour ne pas dire plus, qui voient leurs marges grignotées en supportant, de surcroît, un climat social pourri par une baisse de la productivité assortie de revendications démesurées sans que personne n’y mette le hola ! Et ne siffle la fin de la récréation.
En termes de création d’emplois, notamment ceux des diplômés du supérieur, il faudra repasser, tout comme il faudra repasser pour les emplois existants qui resteront désormais tributaires de nouvelles actions sociales de type « lock-out » pour clore définitivement ce chapitre et la parenthèse AEROLIA en Tunisie. Et dire que l’on parle au gouvernement, à l’ANC, à l’Utica et à l’Ugtt, d’un nouveau modèle de développement orienté vers des industries possédant plus de valeur ajoutée ( !).