Devant la flambée de la maladie à virus Ebola, qui a démarré en Guinée en décembre 2013, la réunion d’un Comité d’urgence du Règlement sanitaire international relative à l’épidémie ne s’est pas faite attendre. A cette occasion, le Secrétariat de l’OMS a dressé un tableau faisant le point sur la flambée d’Ebola en Afrique de l’Ouest et donnant une évaluation de la situation en cours. *
Dans les pays d’Afrique de l’Ouest à savoir la Guinée, le Libéria, le Nigéria et le Sierra Leone, l’épidémie constitue un «événement extraordinaire», étant la plus meurtrière depuis la découverte du virus Ebola en 1976, lors de deux flambées simultanées à l’époque à Nzara (Soudan) et à Yambuku (République démocratique du Congo). Yambuku étant situé près de la rivière Ebola, d’ou le nom de la maladie.
Les estimations font état jusqu’à la dernière mise à jour de l’OMS du 4 août 2014, de 1711 cas (1070 confirmés, 436 probables, 205 suspects) et 932 décès. Face à l’étendue des dégâts, un certain nombre de pays jusqu’à présent épargnés par la maladie ont émis des avis ou des recommandations à l’intention des voyageurs.
Au vu de la virulence du virus Ebola, de l’intensité de la transmission dans les populations et les établissements de santé, de l’impossibilité des systèmes de santé des pays actuellement touchés et ceux les plus exposés au risque, à faire face à une épidémie d’une telle ampleur, les analystes présagent des conséquences particulièrement graves si la propagation se poursuit au niveau international. De ce fait, une action internationale coordonnée est jugée essentielle pour renverser la tendance et mettre un terme à la propagation internationale du virus Ebola.
Une mobilisation d’autant plus nécessaire que dans le cas de la maladie à virus Ebola (autrefois appelée aussi fièvre hémorragique à virus Ebola), au cours des flambées la mortalité enregistrée peut atteindre un taux de 90%.
Le mode de transmission qui d’abord se fait des animaux sauvages aux hommes, puis d’humain à humain, l’extrême contagiosité du virus, l’absence de vaccin homologué, et l’absence de traitement spécifique pour la maladie, sont des facteurs qui rendent la lutte contre la maladie à virus Ebola peu évidente.
La méfiance y est également pour beaucoup, certains des habitants locaux sont en effet terrifiés et méfiants vis-à-vis du personnel soignant, comme en témoigne Marc Poncin, coordinateur d’urgence en Guinée pour Médecins Sans Frontières, auprès du New York Times :
« Ils ne nous font pas confiance. Nous n’arrivons pas à freiner l’épidémie. Le virus Ébola a de quoi affoler les villageois. Les gens disent que quand le médecin vous examine, il vous emmène à l’hôpital et on ne vous reverra plus jamais», explique une jeune commerçante au quotidien américain. Un sentiment de terreur a repris le dessus et les villages se protègent des aides externes. Les communautés locales pensent que les médecins venus de l’extérieur ramènent le virus avec eux, ou veulent exterminer les malades. Ils voient leurs amis et leurs familles pénétrer sous les tentes de MSF, mais rares sont ceux qui en ressortent. (…)
«Nous ne voulons pas d’eux (..). Nous n’acceptons pas leur présence. C’est eux qui transportent le virus dans nos maisons !» déclare le chef du village de Wabengou en Guinée.
Devant l’urgence de la situation, des pays touchés par l’épidémie ont déjà entrepris des mesures drastiques comme au Liberia, où les autorités ont décidé de mettre en quarantaine trois provinces du pays, la Côte d’Ivoire, pays frontalier de la Guinée et du Libéria, encore épargnée, annonce la suspension des vols de sa compagnie nationale dans les pays touchés par le virus Ebola.
L’espoir de mettre en application des traitements expérimentaux comme le ZMapp, qui a contribué dans l’optimisation du traitement chez deux américains atteints de la maladie se profile. L’OMS annoncé également la possibilité de développer un vaccin dès 2015 , si les essais cliniques confirment son efficacité.