Emna Guellali a réagi comme attendu aux remous qu’a suscités la dernière déclaration de Human Rights Watch ( HRW ) sur la fermeture d’associations soupçonnées de financer le terrorisme. Elle n’a pas manqué, à juste titre, de ne pas répondre à ceux qui considèrent, d’une manière aberrante, qu’ HRW soutient le terrorisme, tout en maintenant le communiqué équivoque par lequel l’association déclare illégale la fermeture de ces associations en ne manquant pas de comparer le vécu tunisien à celui, d’après elle, de l’Egypte.
Nous ne pensons pas un seul instant qu’ HRW soutienne le terrorisme. Toutefois Emna Guellali et HRW doivent résister à leur seconde nature qui voit le mal dans ceux qui le combattent en les mettant au même niveau que ceux qui, les premiers, le produise. Emna Guellali devra, peut-être rendre visite aux parents des victimes, ceux qui ont vu leurs proches ravis à la fleur de l’âge par la faute certes de terroristes mais, également, avec la connivence d’associations « civiles » qui les soutiennent, les approvisionnent, pour tenir hiver et été dans les hauteurs, et souvent les renseignent.
Non Madame Guellali, entre les deux il n’ y a pas photo. Et même sur la forme, on pourrait trouver un fondement à vos propos, il n’en demeure pas moins que notre droit à la vie, le droit de Socrate et ses frères soldats et sécuritaires, de Chokri Belaïd, de Mohamed Brahmi et j’en passe et j’en oublie, est primordial par rapport au respect des procédures, surtout que les décisions prises par le gouvernement ne sont pas immuables et peuvent être stoppées par des recours juridiques. Notre droit à une vie libre et celui de nos enfants et petits enfants est plus important à nos yeux, à ceux du citoyen tunisien lambda que des procédures qui peuvent être réfutées par voie de droit.
Or, Mme Guellali, il est de notoriété publique que des associations sont en train de véhiculer le mal qui finira par tuer les « Human Rights » que vous défendez souvent si bien. Les arrêter aujourd’hui en attendant la production de la preuve de leur non implication, afin d’arrêter d’irriguer les jeunes pousses du Mont Chaambi est une priorité pour les droits de l’Homme, pour une société qui veut vivre à l’ombre de ces mêmes droits de l’Homme. Voir le mal partout équivaut à devenir « droit de l’hommiste » rendu obtus par une échelle de mesures en dichotomie parfaite avec le but recherché.
La méthode que vous préconisez est suicidaire et fait surtout fi de l’histoire, quand on sait que ces mêmes énergumènes ont véhiculé des années durant leur venin à partir de Londres, Bruxelles ou Paris, se nourrissant au sein bien irrigué d’associations de droits de l’Homme. Rappelez-vous l’exemple algérien, quand le pouvoir en Algérie donnait des preuves sur l’implication de personnes vivant tranquillement sur les bords de la Tamise et que le gouvernement de la City repoussait du revers d’une main, jusqu’au jour où le mal a touché Londres. A partir de cette date, les choses ont changé et les Anglais ont pris en considération ce que nos frères Algériens avançaient depuis des années. Non, Madame Guellali, il ne faut pas s’empêcher d’agir ou de réagir, quand le vers est encore en dehors du fruit. C’est une loi agronomique que Dame nature s’est imposée et que tout gouvernant de bon sens devra observer.
Votre communiqué choque et a choqué encore plus les familles qui ont vu leurs enfants encouragés et parfois recrutés par des associations pour faire le voyage de l’enfer et mourir à la fleur de l’âge dans des conflits internationalisés en Syrie ou en Irak qui ne les concernent ni de près ni de loin. Il aurait peut-être fallu faire preuve de plus de discernement pour ne pas tenir les mêmes propos qu’un certain Ellouze, qui ne s’abreuve, avec vous et moi, aux mamelons des droits de l’Homme que pour mieux les détruire. Vous auriez été plus convaincante si vous aviez demandé que les cas des associations fermées soit traités dans des délais raisonnables, plutôt que de rester sur la procédure, quitte à oublier le fond qui, lui, est étroitement lié aux droits de l’Homme. Si les procédures permettent de détruire le fond, notre vie, notre société, c’est qu’elles ne sont pas bonnes sinon, nous, vous, moi, et ceux qui chérissent la liberté vivront des décennies sous le joug de personnes qui ne croient pas aux principes de ceux qui les défendent au nom des droits de l’Homme. HRW ne peut s’accommoder de tels faits, sinon, elle portera pour longtemps le poids moral de nos stigmates, de nos blessures et de nos morts.