Alors que le pays est à J-64 des élections législatives, I Watch, association de la société civile, a choisi de dévoiler aux journalistes les résultats d’un sondage d’opinion sur la perception de la Démocratie participative parmi les jeunes Tunisiens, mené par son équipe au mois de juin dernier et financé par les deux fondations Slovak Aid et Pontis Foundation. Ce sondage d’opinion est le premier du genre en Tunisie d’après Youssef Belgacem, directeur de projet de cette association. Le sondage a été réalisé à partir d’un échantillon de 600 jeunes Tunisiens, dans la tranche d’âge de 18 à 35 ans, originaires de cinq gouvernorats : Sousse, Sfax, Gafsa, Le Kef et Médenine. Les chiffres avancés par ce sondage d’opinion incitent à réfléchir sur la prédisposition des jeunes Tunisiens à la prise de position dans le monde politique. Qu’on en juge.
La Constitution, la loi électorale, la vie politique et les jeunes : le désamour ?!
Les médias tunisiens ont beau diffuser toutes les informations nécessaires sur la Constitution tunisienne depuis sa genèse jusqu’à sa version finale, les chiffres demeurent décevants, car le sondage dévoile que 40% des jeunes n’ont aucune idée sur le contenu de la Constitution, 66% ne s’intéressent pas à la loi électorale et 90% n’ont pas la moindre idée sur le budget de leurs municipalités. Par ailleurs, notons tout de même un point positif : 49% des jeunes ont montré leur prédisposition à participer aux réunions et aux concertations avec les responsables locaux de leurs villes. Commentant ce chiffre, Youssef Belgacem, lors d’une conférence, a souligné l’importance de la démocratie locale et des élections municipales et a regretté « l’exclusion des jeunes des listes électorales des partis politiques ».
Les intentions de vote : 40% des jeunes sondés envisagent de voter
40% des interrogés ont répondu favorablement à la participation au vote aux prochaines élections municipales, 28% envisagent de les boycotter et 30% n’ont pas encore tranché sur ce point-là. D’après Dhia Al-Hak Ammar, ingénieur en statistiques et responsable du projet, l’âge est un facteur déterminant dans les intentions de vote : ces intentions atteignent un taux de 35% chez les jeunes dans la tranche d’âge entre 18 et 35 ans et franchissent le cap des 45% chez les jeunes de 31 à 35 ans. L’ingénieur nous a affirmé que 43% des jeunes interrogés à Sousse envisagent de boycotter les prochaines élections municipales. Ainsi le gouvernorat de Sousse remporte la première place dans le boycott des élections municipales.
Les élections municipales étant une phase importante dans le processus de démocratie participative, I Watch regrette l’absence de cette étape dans la période de transition politique tunisienne.
Démocratie participative
Le sondage a dévoilé que 52% des interrogés suivent de près les actualités politiques, mais que seulement 10% sont capable de donner une définition à la démocratie participative. D’ailleurs, 58% estiment que l’instauration des bases de la démocratie participative dans leur ville est une bonne chose, 28% estiment que c’est une bonne chose mais que ce n’est pas une priorité pour le moment.
Confiance dans les décisions du gouvernement !
49% des interrogés font confiance aux décisions prises par le gouvernement contre 45% de sceptiques, 41% font confiance à la présidence de la République. L’Assemblée nationale constituante (ANC) recueille, quant à elle, 41% de votes favorables, contre 27% pour les délégations spéciales.
Le chômage demeure la priorité des jeunes
Quel sujet préféreriez-vous discuter avec les preneurs de décisions ? Contrairement à ce qui était attendu dans ce contexte, la sécurité et le problème du terrorisme ne sont pas une priorité pour les sondés, avec 16% des votes. La maîtrise des prix et la lutte contre la pauvreté recueillent le même pourcentage soit 16%, contre 51% pour le chômage et 30% pour le développement régional. Il est à noter que 15% des interrogés ont estimé que les problèmes de l’enseignement sont à discuter avec les responsables.