Lors d’une rencontre de presse tenue à la Kasbah jeudi en fin d’après-midi, Mehdi Jomaa, chef du Gouvernement, s’est longuement étendu sur le secteur de l’énergie qui contribue dans une très grande part au déficit de la balance commerciale aux côtés de l’alimentaire qui lui l’est dans une bien moindre mesure. « L’énergie est un des problèmes fondamentaux du pays à résoudre dans les années à venir dans la mesure où ses répercussions vont en s’aggravant. La production, du fait de certains blocages, a chuté de 13% par rapport à 2013. On est passé de 66 000 barils/jours en 2013 à 57 000 barils/jours en 2014. La production du gaz a chuté elle de 8%. Nos pertes en termes de fiscalité et de devises se chiffrent à 900 millions de dinars. Nous exportons moins et nous importons de plus en plus de pétrole et de gaz. C’est un secteur qui plombe l’économie à tous les niveaux. Et dire que nous avons soumis à l’ANC deux projets de loi, l’un sur la maîtrise de l’énergie et l’autre sur l’investissement dans les énergies renouvelables. Deux lois qui sont malheureusement à ce jour reléguées aux oubliettes. C’est dire que nous sommes nos propres ennemis en la matière « , a-t-il relevé.
En effet, nos députés et surtout ceux de la commission en charge du dossier de l’énergie, présidée par un enseignant, sont beaucoup plus occupés, et préoccupés, par la révision des anciens accords avec les sociétés pétrolières étrangères, allant jusqu’à bloquer de nouveaux permis. Une démarche à notre avis qui ne tient pas compte de la réalité économique du pays et qui risque fort d’entacher son image. On apprend par ailleurs qu’un puits sur 10 forés est exploitable et qu’un forage coûte en moyenne 33 MD. Quant à notre part dans les contrats pétroliers, elle varie entre 62 et 85% selon que l’on participe ou pas aux frais de forage.
Pour ce qui est du gaz de schiste, dont notre sous-sol recèlerait des réserves significatives, Mehdi Jomaa a manifesté une certaine audace : « Nous allons avancer dans ce dossier. Nous allons explorer cette ressource qui est déjà exploitée par plusieurs pays, toujours dans le souci de réduire notre déficit énergétique tout en respectant bien entendu l’environnement. Nous allons au moins engager des études qui vont durer 3 ans. Dans la négative, il faudra trouver d’autres alternatives. En un mot, nous allons exercer nos prérogatives en tant que gouvernement ». La messe est dite…