Depuis la révolution de 2011, la Banque mondiale (BM) a entamé, en collaboration avec des universitaires et experts tunisiens, l’élaboration d’un rapport qui résume les défis auxquels fait face l’économie tunisienne, ses atouts et ses principales défaillances.
Intitulé «La révolution inachevée – Créer des opportunités, des emplois de qualité et de la richesse pour tous les Tunisiens», ce rapport a été présenté, ce matin, en présence de MM. Hakim Ben Hammouda, ministre de l’Economie et des Finances, Ahmed Bouzguenda, président de l’IACE, Antonio Nucifora, économiste et auteur du rapport, Shanta Devarajan, Économiste en chef à la BM pour la région MENA, ainsi que des experts de renommée et des représentants de la presse nationale.
Le nouveau rapport de la BM constitue la première étude complète de l’économie tunisienne, expliquant comment l’héritage économique de la Tunisie empêche le pays de développer son immense potentiel et met en évidence la nécessité urgente d’adopter un modèle de croissance plus ouvert pour assurer le succès de la transition.
Il s’agit, en outre, d’une nouvelle analyse de la politique d’investissement et de la concurrence, du système financier, du droit du travail et de la politique agricole en Tunisie.
Il revèle que la seule façon de créer de meilleurs emplois et davantage de possibilités en Tunisie, c’est de rompre avec le modèle économique actuel.
A cet égard, M. Nucifora a mentionné que la politique d’investissement de la Tunisie présente l’excellent exemple d’une politique économique bien intentionnée qui n’a pas donné les résultats escomptés , à savoir la création des emplois de qualité et de la compétitivité de la Tunisie à l’échelle mondiale.
De plus, un immense pan de l’économie du pays reste largement fermé à la concurrence. Si l’idée généralement répandue est que cela contribue à protéger les entreprises tunisiennes, la réalité indique que cette situation profite principalement à un petit groupe d’individus. C’est la raison pour laquelle les exportations tunisiennes ont augmenté au cours des deux décennies écoulées sans pour autant évoluer au même rythme que celles d’autres pays émergents. Le secteur a en fait peiné à dépasser le seuil de la production à faible valeur ajoutée et des emplois mal rémunérés.
Objectif : attirer plus d’investissements et créer des emplois mieux rémunérés
Néanmoins, le défi que doit relever la Tunisie, aujourd’hui, est d’attirer plus d’investissements et de créer des emplois mieux rémunérés surtout pour un grand nombre de jeunes diplômés bien formés restés en marge de l’économie..
En outre, le rapport montre que la suppression de certaines des barrières qui limitent la participation de nouvelles entreprises à l’activité économique, alliée à la concurrence accrue, pourrait doubler le nombre d’emplois créés avec un apport de plus de 100 000 emplois supplémentaires par an, faisant de la Tunisie le «Tigre de la Méditerranée».
Il en ressort, d’autre part, que la levée des restrictions imposées aux entreprises à l’entrée et la simplification du cadre réglementaire dans lequel elles opèrent pourraient contribuer à accroître et accélérer la création d’emplois, à raison de 50 000 emplois par an.
Les entreprises tunisiennes consacrent actuellement près de 18 % de leur chiffre d’affaires annuel aux tracasseries bureaucratiques et autres pratiques de petites corruptions connexes.
Parallèlement, la réforme du secteur bancaire pourrait libérer jusqu’à 10 milliards de dollars de financements pour les entreprises tunisiennes sur une période de dix ans, ce qui permettrait de créer quelque 38 000 nouveaux emplois par an.
La réforme de la politique industrielle et des secteurs de l’agriculture et des services pourrait, aussi, déboucher sur la création d’emplois supplémentaires.
Le rapport conclut que l’application de réformes dans ces domaines pourrait contribuer à stimuler la croissance et à favoriser la création d’emplois de qualité dans le pays. Et il n’est qu’une invitation à repenser le modèle de développement économique tunisien et à s’interroger sur les hypothèses actuelles qui sous-tendent les types de réformes susceptibles d’accélérer la croissance, stimuler une croissance partagée, créer des emplois de qualité et promouvoir le développement régional.
En réaction et après une lecture profonde de ce rapport, M. Ben Hammouda a fait savoir que la coopération avec les institutions financières, notamment la Banque Mondiale, est essentielle et importante. Elle a, selon lui, de multiples apports financiers, de connaissance, de savoir et de bonnes pratiques internationales, surtout que la Tunisie est en train de chercher la bonne voie pour reconstruire son économie.
De son côté, M. Devarajan s’est exprimé concernant les atouts de la Tunisie, qui la caractérisent par rapport au pays du printemps arabes, dont la réussite dans la réalisation de la Constituante et le grand potentiel de suivre les politiques économiques nouvelles qui évitent la capture de la rente.
Ces atouts majeurs peuvent attirer plus d’investissements, créer des emplois de qualité, et ouvrir les perspectives de croissance favorable.