Les élections parlementaires et présidentielles en Tunisie ont, théoriquement, pour objet d’engager un débat : projet contre projet. En fait, elles mettent volontiers à l’ordre du jour des affrontements personnels, des interventions des lobbies et de multiples opérations sur les scènes et les arrières-scènes. Evidemment, ceci n’exclut pas les possibles interventions de l’étranger, tenté de faire valoir des sympathies ou des intérêts.
L’habilitation citoyenne en Tunisie a réhabilité la dynamique interne et mis notre modèle de projet de société au cœur de notre pacte républicain, revendiqué, défendu ou toléré par les différents acteurs politiques. La chute de l’idéologie marxiste et le triomphe du libéralisme annonçaient, partout dans le monde, la fin du politique, sinon de l’histoire. La révolution tunisienne a par contre réhabilité le politique, tout en s’accommodant de la vulgate de la Banque mondiale et du FMI. Le dernier rapport de la BM » La révolution tunisienne inachevée « , publié le 17 septembre 2014, est un rappel à l’ordre du gouvernement Jomaâ. Il ne peut ni favoriser le choix d’un président expert en politique ni bloquer le débat des partis, dans le cadre de la compétition électorale.
Pour mettre fin à la crise, il faut commencer par présenter des diagnostics. Il faudrait également identifier des projets d’avenir et ouvrir des horizons, où le réalisme doit avoir comme appui des scénarios d’espoir et pour quoi pas des rêves. Cette conjoncture est, bien entendu, propice aux putschistes plutôt qu’aux guerres déclarées, à l’intérieur ou à l’extérieur des partis. Relativisons cependant l’impact de ses « tempêtes dans un verre d’eau ». Alors que les contestataires expriment des positionnements, des repositionnements ou des révisions de choix politiques, des outsiders et des intermittents de la politique veulent effectuer des renversements de tendances. La démocratie exige la visibilité politique de tous les intervenants. Fussent-elles érigées conjoncturellement comme des « événements du jour », par la médiacratie, leurs opérations de déstabilisation ont peu d’impacts sur les perceptions populaires et les options de la majorité silencieuse. Cependant, nous ne pouvons nier leur valeur indicative, dans le flux et reflux des courants d’opinion. Mais il serait utile d’identifier la traçabilité des candidats aux élections présidentielles et celles des acteurs partisans, sinon désintéressés, qui se déchaînent contre eux.
Fait surprenant, la classe politique semble privilégier l’ élection présidentielle. N’a-t-elle pas réalisé que le chef du gouvernement et son équipe seront choisis parmi les dirigeants du principal parti politique qui aura bénéficié de la victoire ? Le Président de la République incarne l’image du pays. Il doit assurer les arbitrages et participer à la prise de grandes décisions, en matière de défense, de sécurité et d’affaires étrangères. Il ne faudrait donc pas se tromper de régime politique et perdre de vue que les élections parlementaires sont déterminantes pour le choix du projet de société et la formulation des perspectives d’avenir.