Le marché des édulcorants artificiels est en plein essor, car ils sont perçus comme un moyen efficace pour lutter contre l’obésité et le diabète. Pourtant une étude récente vient de remettre en cause cette idée suggérant que les édulcorants artificiels à l’instar de la saccharine pourraient aggraver certains troubles métaboliques.
Selon cette étude publiée dans la revue Nature, les édulcorants agiraient sur les bactéries des intestins. Par le passé, des études ont déjà montré une association entre l’utilisation d’édulcorants artificiels et l’apparition de troubles métaboliques. Mais ce travail est le premier à suggérer que les édulcorants peuvent exacerber une maladie métabolique, et que cela pourrait se produire par le biais d’une action sur la flore microbienne intestinale. « C’est contre-intuitif, personne ne s’y attendait, car cela n’est jamais venu à l’esprit de personne de faire des recherches sous cet angle », affirme Martin Blaser, microbiologiste à l’Université de New York.
L’action de divers édulcorants, à savoir la saccharine, le sucralose et l’aspartame a été testée sur des souris, les scientifiques ayant constaté qu’ après 11 semaines, les animaux présentaient une intolérance au glucose, un marqueur de risque pour les troubles métaboliques.
L’équipe de scientifiques s’est ensuite basée sur les données d’une étude clinique en nutrition, comprenant près de 400 volontaires. Les chercheurs ont noté une corrélation entre les signes cliniques de trouble métabolique, comme l’augmentation de poids ou la diminution de l’efficacité du métabolisme du glucose, et la consommation d’édulcorants artificiels.
Puis sept volontaires qui n’avaient pas l’habitude de consommer des édulcorants artificiels en ont pris durant une période de sept jours, quatre d’entre elles ont présenté des taux élevés de glucose de même que leur flore intestinale a été modifiée.
Par le passé, des études ont démontré que la consommation de boissons contenant des édulcorants artificiels empêcherait de ressentir la satiété et inciterait ceux qui en consomment à grignoter davantage. Ainsi la consommation régulière de boissons contenant des édulcorants artificiels exposent au risque de développer un diabète type 2, un risque deux fois plus important par rapport à ceux qui n’en consomment pas.
Yolanda Sanz, nutritionniste et vice-président du comité chargé des produits diététiques, la nutrition et les allergies, du EFSA (European Food Safety Authority ) ou Autorité européenne de sécurité des aliments, affirme qu’il est trop tôt pour tirer des conclusions définitives. Les troubles métaboliques ont de nombreuses causes et l’étude ayant été menée sur des participants trop peu nombreux. En réponse à ces dernières découvertes, Stephen Pagani, porte-parole de l’Autorité européenne de sécurité des aliments à Parme, en Italie, affirme que, comme pour toutes les nouvelles découvertes, l’agence « décidera en temps voulu si ces découvertes doivent être portées à l’attention des experts du comité pour concertation sur le sujet ».
Les édulcorants artificiels étant de plus en plus controversés, le public se tournera-t-il vers les édulcorants naturels tels que la stévia et le xylitol, jugés sans danger jusqu’à présent ?