leconomistemaghrebin.com publie le discours prononcé par Hédi Mechri, directeur de l’Economiste Maghrébin à l’ouverture de la conférence sur la liberté économique en Tunisie tenue à Tunis samedi 27 septembre.
La liberté économique ! une question voire une vaste interrogation – qui vient à point nommé. Elle vient, elle se pose comme en écho à la course aux programmes des partis politiques qui se préparent à la plus grande compétition politique de l’histoire ancienne et récente de la Tunisie.
Cette effervescence politique en dit long sur l’étendue du chemin parcouru sur la voie des libertés politiques et publiques. Qui sont, il faut bien l’admettre, d’un bon présage pour les libertés économiques qui constituent le thème central de la conférence sur la liberté économique en Tunisie.
Nous devons ce moment de vérité sur le degré des libertés économiques en Tunisie à nos partenaires et amis (Fraser Institute à qui nous devons l’excellent rapport sur « Les libertés économiques en Tunisie », à l’Arab Center for scientific research and human studies et à notre partenaire de toujours la Fondation Friedrich Naumann pour la liberté : la dernière précision n’est pas fortuite).
Le sérieux, la crédibilité et la notoriété de ces institutions ne sont plus à démontrer. Elles sont connus pour être d’ardents défenseurs des libertés économiques sans lesquelles il ne peut y avoir de croissance inclusive, d’expansion durable, ni de prospérité partagée.
Ce rapport prend tout son sens à quelques semaines de la célébration du 4e anniversaire de la révolution de décembre – janvier 2011 qui fut le détonateur d’un vaste bouleversement politique dans le monde arabe.
Il n’est pas sûr, même chez nous, que l’explosion des libertés politiques, qui confine souvent et par certains endroits au désordre – c’est d’ailleurs le propre de toutes les révolutions- ait élargi le champ et l’espace des libertés économiques au regard de la persistance des pratiques bureaucratiques. Il n’est pas évident non plus que cette explosion des libertés à tout-va ait amélioré le mode de gouvernance de l’économie et élevé son niveau d’efficacité. Rien ne laisse croire enfin qu’elle ait fait reculer la corruption qui avait fini par gangrener le système productif.
Les gouvernements de transition qui se sont relayés au milieu d’un bouillonnement politique et d’une explosion des frustrations, des demandes sociales et de libertés en tous genres, comme le pays n’en a jamais connu, ces gouvernements issus pourtant des premières élections libres et démocratiques, n’ont pas su – le pouvaient-ils d’ailleurs – restaurer l’autorité de l’Etat de droit, qui sans être l’unique garant des libertés économiques en est paradoxalement le principal instigateur et architecte.
Au-delà des effets de causalité de ces libertés qui nous interpellent et nous intéressent au plus haut point, la présence parmi nous de Mr Fred Mc Mahon, du Dr Nouh El Harmouzi et de Mr Ralf Erbel est tout un symbole. Ils ont choisi la Tunisie, en ce moment crucial de notre transition démocratique, pour nous conforter dans notre parcours vers de nouvelles conquêtes de libertés économiques et pour nous appuyer dans notre volonté et désir de réformes. Ce geste, nous le percevons comme un réel privilège.
Nous avons aussi le privilège d’accueillir M. Chedly Ayari, Gouverneur de la BCT, économiste distingué et professeur émérite qui a marqué de son empreinte la pensée économique en Tunisie comme doyen, enseignant et ministre de l’Economie.
Libéral avant l’heure mais d’un libéralisme mâtiné de social, il n’en incarna pas moins l’autorité des institutions publiques, il avait une conscience aiguë des responsabilités et du rôle qui étaient le leur.
Il pesa de tout son poids lors du tournant libéral des années 70, tout en s’employant à renforcer le cadre institutionnel et le rôle d’un Etat plus stratège qui gérait là où il le faut et quand il le fallait. Son propos, à l’issue de l’exposé du rapport sur les libertés économiques, a été d’un grand apport.
Comment ne pas saluer et remercier les présidents et vice-présidents des panels. Je leur dirais simplement qu’ils étaient – vous m’excuserez l’expression – notre premier choix. Ils ont répondu à notre invitation spontanément pour un samedi matin alors que l’été joue les prolongations. Ce n’est pas peu dire.