Les participants au panel portant sur « La liberté d’accès à une monnaie saine », organisé lors de la conférence sur « La liberté économique en Tunisie : vers un avenir meilleur », ont constaté que la Tunisie est aujourd’hui mal placée dans le classement mondial et que cette situation n’est pas du tout rassurante pour le pays.
Le premier constat s’explique par une inflation non maîtrisée et une monnaie qui ne cesse de se déprécier. Cette situation n’est pas rassurante parce que l’inflation engendre la détérioration du pouvoir d’achat des ménages, ce qui développe des stratégies de survie très favorables au commerce parallèle et fort pénalisantes pour les entreprises tunisiennes. Et d’ajouter que cette situation fait fuir les capitaux et décourage l’investissement étranger (IDE et investissement de portefeuille). D’où l’effet négatif sur la croissance et l’emploi.
La dépréciation du dinar a largement contribué à ce classement. Elle a alourdi le service de la dette et du coup elle impacte négativement les finances publiques. La dépréciation a renchéri le prix des produits importés et de ce fait, elle provoque le gonflement des dépenses de subvention.
Les recommandations des participants à ce panel ont notamment été d’abord axées sur la politique de change. Pour eux, le flottement dirigé reste le régime de change le plus adapté à l’économie tunisienne. Ils considèrent que la dévaluation du dinar n’est pas à l’ordre du jour, compte tenu de la menace déflationniste qui pèse sur notre partenaire européen. Il faut donc un effort réglementaire pour attirer davantage d’investissements étrangers.
Concernant la lutte contre l’inflation, les participants à ce panel ont recommandé d’aller vers plus de régulation dans les circuits de distribution où le lobby des intermédiaires (grossistes) continue de faire la pluie et le beau temps. Ils privilégient plus de contrôle des frontières pour neutraliser la contrebande et stopper la fuite d’une partie non négligeable de la production tunisienne. Ils ont, par ailleurs, appelé à plus de fermeté dans l’application de la loi pour stopper les blocages fréquents dans le processus de production et plus précisément dans les entreprises stratégiques.
Pour être de plus en plus efficaces dans la lutte contre l’inflation, les participants à ce panel penchent pour le renforcement des mesures dans les revendications salariales. Cela s’explique par le fait que les majorations salariales non fondées sur une hausse de la productivité sont génératrices de poussées inflationnistes. S’agissant de la politique monétaire, il a été recommandé d’éviter de recourir à l’arme du taux d’intérêt pour combattre une inflation dont les origines sont extra-monétaires. Car une telle hausse pourrait étouffer la croissance économique.
Enfin, les intervenants à ce panel ont appelé à la nécessité d’accélérer les réformes dans le secteur financier (renforcement de la solidité de la banque tunisienne, plus de concurrence dans le secteur bancaire, développer le marché des capitaux), pour permettre une meilleure application de la politique monétaire à l’économie.