La Chambre syndicale des études commerciales et sondages d’opinion a tenu aujourd’hui, au siège de l’UTICA, une conférence de presse pour présenter sa position sur l’interdiction de publication des sondages durant la période électorale. Nébil Belaam, président de la chambre, a à cette occasion, déclaré que depuis sa création en 2013, la chambre a pu regrouper 12 entreprises exerçant dans ce domaine particulier, ajoutant que le secteur compte 25 entreprises en activité.
Les entreprises tunisiennes réalisant les sondages sont techniquement habilitées pour l’exercice de cette profession puisque elles sont certifiées, soumises à des règles de déontologie et membres d’organisations professionnelles internationales, a-t-il ajouté, et comptent dans leur staff, entre autres spécialités, des statisticiens. Les membres de la chambre syndicale se proposent de contribuer à la transition démocratique de la Tunisie en apportant leur contribution spécifique à travers des sondages crédibles.
Abordant le cadre juridique réglementant le secteur, le président de la chambre syndicale a déclaré que la réalisation des sondages politiques publics est régie par l’article 70 du Code électoral qui interdit les sondages pendant la période électorale, période qui couvre pour les présentes élections un laps de temps de 3 mois (1 mois pour les élections de 2011) s’étonnant de cette durée et ajoutant qu’en Europe la période d’interdiction la plus longue (en Italie) ne dépasse pas les 15 jours. A noter que tout manquement à cet article 70 est passible d’une amende allant de 20 à 50.000 dinars, a ajouté l’intervenant. Cette interdiction n’existe nulle part ailleurs.
La chambre a déjà exprimé à maintes reprises sa position quant à cette interdiction alors que la loi était au stade de projet en mars 2014. Le président de la Chambre a en outre déclaré que cette interdiction est en contradiction avec les fondements de la justice et a un impact négatif, notamment pour les petits partis qui ne peuvent pas se payer des sondages commandités privés, contrairement à de nombreux grands partis disposant de moyens financiers conséquents.
Ces sondages en période préélectorale sont une information légitime pour les citoyens et les partis, renchérit-il et leur interdiction est une entorse à l’article 19 de la Déclaration universelle des Droits de l’Homme.
Pour le président de la chambre syndicale, l’interdiction des sondages handicape les débats électoraux et risque d’accroître l’abstentionnisme.
Pour pallier cet handicap et assurer la transparence des sondages, la chambre propose :
- L’instauration d’un climat de confiance entre toutes les parties prenantes
- Une autorégulation qui doit être assurée par la chambre syndicale
- la création d’une commission des sondages multidisciplinaire avec des représentants de l’Université, de l’INS et des médias pour réguler les sondages publics.