Lors d’une rencontre organisée à Tunis, six représentants de partis politiques en lice pour gagner les élections législatives et présidentielles ont présenté le programme économique de leurs partis.
Ouvrant le débat, Taoufik Rajhi, professeur en économie et président du Forum économique, s’est interrogé sur la place du développement régional dans les programmes économiques des partis politiques. Les réponses étaient unanimes sur le fait que le chômage, la qualité de l’infrastructure et l’investissement étaient les principaux obstacles au développement régional.
Pour booster l’investissement et créer des emplois, Anis Jaziri, représentant du Congrès pour la République (CPR), a proposé la création de 40 projets à réaliser dans les régions défavorisées. Le représentant du CPR a mis l’accent sur le rôle régulateur de l’Etat dans l’investissement : « L’Etat, à notre sens, est la locomotive de l’investissement privé », affirme M. Jaziri, qui a appelé à améliorer davantage l’infrastructure dans les régions intérieures du pays et à attirer les investisseurs locaux et étrangers.
Mohamed Salah Ayari, conseiller fiscal, enseignant universitaire et membre du bureau exécutif du parti Al-Joumhouri, estime que la logistique est au cœur du problème et il s’est référé à la proposition d’Ahmed Néjib Chebbi d’un TGV entre les régions, afin de les désenclaver et faciliter la circulation des marchandises et des personnes. « C’est un moyen pour promouvoir l’intégration des régions défavorisées dans le circuit économique », dit-il.
L’exploitation du grand potentiel touristique et culturel dans les différentes régions est un atout, pour le représentant d’Al Joumhouri, à exploiter pour le tourisme, et ce, à travers la diversification de l’offre touristique.
Dans ce même contexte, Moncef Cheikhrouhou, représentant de l’Alliance démocratique, a déploré la suppression des délégations en charge du développement régional qui assuraient, entre autres, le suivi de la promotion du tourisme dans les régions.
Quelles banques pour quel développement ?
S’agissant du rôle du secteur bancaire et financier dans le développement régional, un point soulevé par l’économiste Hatem Saleh, Anis Jaziri estime que le CPR n’est pas favorable à une fusion des trois banques publiques, mais plutôt pour leur restructuration.
Pour le représentant du CPR, la transparence et la bonne gouvernance doivent davantage être renforcées au sein des banques publiques. Et d’ajouter que la Caisse des dépôts et consignations (CDC) devrait financer les PME et consolider son rôle dans le tissu économique du pays.
Pour ce qui est de la révision de la législation qui régit les fonctions de la Banque centrale de Tunisie (BCT), Moncef Cheikhrouhou opte pour la révision de la législation, afin d’élargir le champ d’action de la BCT et lui permettre de superviser d’autres domaines autres que la maîtrise de l’inflation. Mohamed Salah Ayari (Al-Joumhouri) a affirmé que son parti est favorable à la fusion des trois banques publiques et à l’initiative de procéder à un audit approfondi des banques.
Selon Adel El-Kouch, membre du bureau politique du Courant démocratique, la réforme du système bancaire doit se faire en parallèle avec la mise en place d’un nouveau modèle de développement.
L’investissement
Sur le volet investissement, M. Jaziri a rappelé la proposition de son parti liée à la création d’un ministère dédié à l’investissement.« La bureaucratie et les procédures administratives actuelles n’incitent pas les investisseurs étrangers et locaux s’installer dans certaines régions d’où la nécessité d’unifier tous les départements en un ministère », explique M. Jaziri qui a opté pour un ciblage des entreprises étrangères quant aux incitations accordées aux entreprises. « C’est une tâche compliquée, mais il ne faudrait pas continuer à accorder les mêmes avantages à toutes les entreprises », dit-il.
Adel El-Kouch a appelé à la révision du Code d’incitation à l’investissement actuel pour aplanir toutes les difficultés que rencontrent les investisseurs.
Système de subvention
Tous les intervenants se sont mis d’accord sur la nécessité de lever progressivement la subvention parce que la conjoncture actuelle ne permet pas de lever tout d’un coup ce système. « C’est une mesure qui nécessite beaucoup de courage », estime Fethi Nouri.
Exploration du gaz de schiste
Les avis des partis politiques n’ont pas convergé sur le sujet du gaz de schiste. Ridha Saïdi, dirigeant au sein du mouvement Ennahdha, a affirmé que son parti y est favorable : « Nous avons un bailleur de fonds prêt à financer une étude d’impact sur l’environnement. Ceux qui sont contre l’exploration du gaz de schiste sont financés par des lobbies français », soutient-il.
Les représentants du CPR, du Courant démocratique et Moncef Cheikhrouhou ont par contre exprimé des positions nuancées quant à ce sujet qui fait couler beaucoup d’encre.