A deux jours du démarrage des élections législatives à l’étranger et dans le cadre de son observation du système électoral pour le vote des Tunisiens en Tunisie et à l’étranger, l’Association tunisienne pour l’intégrité et la démocratie des élections (ATIDE) a alerté l’Instance supérieure pour l’indépendance des élections (ISIE) de l’existence de graves défaillances et infractions administratives concernant les préparatifs des élections législatives à l’étranger, et décrit la situation générale dans la majorité des pays concernés par le vote des Tunisiens comme grave et préoccupante pour l’indépendance du processus électoral. Selon son dernier communiqué, l’ATIDE a repéré plusieurs infractions dans les bureaux de vote à l’étranger. Elle a aussi reçu plusieurs plaintes principalement liées au manque de neutralité et d’indépendance des dirigeants et des membres des bureaux de vote de l’étranger. L’ensemble du processus électoral au Maroc, par exemple, est supervisé par les membres et chefs de bureaux appartenant à un parti politique bien déterminé, ce qui représente une violation explicite et dangereuse de la loi électorale.
L’ATIDE a déjà envoyé une correspondance bien documentée à l’ISIE invitant cette dernière à intervenir rapidement contre cette grave violation de la loi pour éviter une incidence certaine sur les résultats de l’élection et une perte de la crédibilité et de la transparence du processus électoral.
L’ATIDE a confirmé que ces violations ne se limitent pas au Maroc, mais des infractions semblables ont été enregistrées au Canada, en Allemagne, en Italie et en France. L’ATIDE a également alerté sur le danger des changements de bureaux de vote notamment en France et des retards pour informer les électeurs des nouvelles adresses des bureaux de vote.
L’ATIDE a exprimé aussi son étonnement pour la persistance de l’ISIE à choisir les ambassades et consulats tunisiens en Allemagne pour abriter les élections, malgré la possibilité accordée par les autorités allemandes d’offrir des lieux plus proches géographiquement des communautés tunisiennes. « Ceci va certainement affaiblir la participation aux élections et empêcher la plupart des citoyens d’exercer leur droit au vote, et ce, à cause des distances et de la complexité de la réglementation », lit-on dans un communiqué de l’ATIDE. Celle-ci a, par ailleurs, demandé à l’ISIE de procéder rapidement à un audit du registre des électeurs de l’étranger, à cause des nombreuses ambiguïtés qui existent dans ce registre. Cette demande est d’ailleurs exprimée par de nombreuses organisations de la société civile tunisienne en Tunisie et à l’étranger.
L’ATIDE a alerté l’ISIE que ces infractions et défaillances risquent de contribuer à un sentiment de manque de confiance non seulement dans l’ISIE mais dans l’ensemble du système électoral globalement. Ce sont des indicateurs négatifs qui doivent être traités très rapidement avec sérieux et rigueur pour assurer l’indépendance et l’impartialité du processus électoral. L’ATIDE appelle encore une fois l’ISIE à prendre des décisions cruciales et à opérer des interventions immédiates pour résoudre ces problèmes, en raison de leur influence sur le processus électoral, notamment à l’étranger, pour regagner la confiance des électeurs et assurer un bon déroulement des élections.