Le Kef a commémoré hier le premier anniversaire de la mort du sous-lieutenant, Socrate Cherni, tué dans l’opération de Sidi Ali Ben Oun dans le gouvernorat de Sidi Bouzid l’année dernière. A cette occasion, nous avons contacté la sœur du martyr, Cherine Cherni, qui a bien voulu répondre à nos questions.
leconomistemaghrébin : Comment avez-vous célébré la commémoration de la mort du martyr Socrate Cherni ?
Cherine Cherni : Nous nous sommes rassemblés, amis, famille, collègues et société civile au lycée Mongi Slim – lycée où Socrate avait fait ses études et où j’enseigne actuellement – nous avons chanté l’hymne national en présence des élèves et de tout le corps éducatif de l’établissement. Par la suite, nous nous sommes dirigés vers la Place des Martyrs du Kef, une projection y a été faite avec des montages photos du martyr avec ses amis et sa famille… Vous savez, il y a des citoyens qui ne voient en l’homme de sécurité que la personne stricte et sévère qui a pour mission de faire appliquer la loi. Par cette projection, nous avons voulu montrer aux gens l’autre facette de l’agent de l’ordre, le fils aimant, l’ami attentionné, le frère présent…
Nous avons aussi reçu la visite du directeur général de la caserne de la Garde Nationale d’Al Ouina qui est venu nous remettre le nouveau grade et les trophées du martyr en présence des agents de la Garde Nationale et de la Police. Une autre initiative nous a marqués, celle d’un jeune dessinateur qui a exploité le mur du gouvernorat du Kef pour y dessiner un énorme graffiti de Socrate.
Les partis politiques y étaient-ils présents ?
Non, et d’ailleurs, les activités de ces derniers commencent à partir de midi dans la ville. Nous avons commencé la commémoration à 9h du matin pour terminer à midi pile. Par contre, nous avons reçu des visites de citoyens venant du Grand Tunis, de Sousse, Monastir, Tozeur et Kebili, des gens qu’on ne connaît pas mais qui sont venus nous manifester leur sympathie et soutien, c’était un moment de pur émotion.
Cette commémoration a coïncidé, malheureusement, avec un autre drame survenu ce matin même à Oued Ellil…
Oui, et je pense qu’il s’agit là d’une autre date clé pour les terroristes. L’année dernière, ils ont frappé à Sidi Ali Ben Oun, cette année, ils frappent à Tunis, je pense que cette date, le 23 octobre, les dérangent. Cette date symbolise le premier vrai vote libre des Tunisiens, et pour les terroristes, tout le monde sait que la démocratie et le vote sont considérés comme des actes de mécréance, ils frappent à cette date pour se venger de la mécréance des Tunisiens… Et ils frappent à des endroits différents afin de déstabiliser et de disperser les efforts des agents de l’ordre.
Pour vous, qui sont les premiers responsables de l’expansion du terrorisme dans notre pays ?
Pour commencer, les citoyens qui compatissent et qui sont complices avec les terroristes et qui les aident ; y en a ceux qui le font parce qu’ils partagent les mêmes idéologies, d’autres par pure ignorance et d’autres encore parce qu’il il y a des liens de parenté entre eux. Et tout ça ne fait qu’affaiblir le corps sécuritaire du pays.
Ensuite, il y a les pseudos militants des droits de l’Homme qui, à chaque fois qu’on arrête un terroriste, se mettent à le défendre et à réclamer son droit à la dignité etc. En troisième lieu, je suis outrée par certains juges qui optent pour la négociation avec les terroristes… Il n’y a qu’à voir ce qui se passe à Oued Ellil en ce moment.
Pour finir, quel message adressez-vous aux Tunisiens qui votent dans deux jours ?
J’appelle tous les Tunisiens, même ceux qui ont perdu espoir, à aller voter. Il faut qu’on aille voter, parce que là, il s’agit de notre patrie, de notre Tunisie et surtout, là il est question du sang de tous nos martyrs. Il faut qu’on puisse faire bouger les choses, nous sommes les seuls à pouvoir le faire, et nous, nous ne le faisons pas avec les armes et le sang, nous le faisons avec la parole libre et le vote. N’oubliez jamais nos martyrs et, pour eux, allez voter.