Les préoccupations et attentes des entreprises quant à la chaîne logistique du transport ont été formulées par un certain nombre d’adhérents des chambres mixtes tuniso-française, tuniso-allemande, tuniso-italienne et tuniso-britannique à l’occasion de la tenue aujourdhui d’une conférence sur la compétitivité logistique en Tunisie. L’objectif recherché par l’organisation de cette manifestation est de faire de la chaîne logistique en Tunisie un facteur compétitif déterminant .
Dégradation de la chaîne logistique
Le port de Radès est, incontestablement, l’un des plus importants maillons de la chaîne logistique en Tunisie (plus de 90 % des marchandises unitarisées à l’import et à l’export transitent par ce port). Il connaît depuis quelques années une dégradation continue des services rendus aux opérateurs économiques (importateurs, exportateurs, armateurs, transitaires…) au point de devenir un véritable goulot d’étranglement pour le développement du commerce extérieur et un handicap majeur pour les entreprises exportatrices.
En effet, selon les opérateurs économiques membres de ces chambres mixtes, le rythme de déchargement et de chargement des navires est parmi les plus lents des ports méditerranéens et l’attente en rade des navires est très longue. A cela s’ajoutent une désorganisation manifeste, une grande difficulté à identifier l’emplacement des conteneurs et une sécurité qui laisse à désirer ainsi qu’une multiplication d’avaries de remorques et conteneurs sans parler de la vétusté et l’ indisponibilité fréquente de matériel de manutention. Ce qui résulte en une inadéquation des coûts imposés aux intervenants avec le service rendu, la nonchalance du personnel en charge du service rendu aux intervenants et le recours facile à la saisie des navires.
Ces dysfonctionnements sont de nature à renchérir le coût supporté par l’entreprise (surestaries, répercussion par les armateurs et les transporteurs internationaux des coûts d’attente et des avaries sur la marchandise, etc.).
D’autres facteurs tels que la vétusté du matériel de transport, la situation des entrepôts sous-douane, l’absence de sites logistiques, de fluidité dans la circulation des moyens de transport et la multiplication des transporteurs de marchandises ne répondant pas aux normes requises handicapent la chaîne logistique.
Dan son allocution d’ouverture, le ministre du Transport a annoncé l’adoption d’une nouvelle vision pour le secteur afin d’en faire un secteur structurant vu son caractère transversal. Il a appelé toutes les parties prenantes à travailler ensemble pour faire réussir cette nouvelle approche qui comporte trois étapes, à savoir la stabilisation de la chaîne logistique de transport, la consolidation des acquis réalisés et le développement de ses capacités.
Une plus grande intégration de la chaîne logistique du transport favoriserait le développement de l’économie du pays
La finalité recherchée est la réduction des coûts d’exploitation, l’amélioration de la qualité des services rendus dans les ports avec pour objectif le fonctionnement du port de Radès 24 sur 24 et 7 jours sur 7. Pour atteindre cet objectif, il y a lieu d’adopter un plan de circulation efficace pour assurer la fluidité du trafic, la révision des statuts de la STAM et une extension des capacités du port de Rades. Ces objectifs ne peuvent être réalisés sans une meilleure intégration et une modernisation de l’outil informatique.
Déjà les résultats atteints sont satisfaisants puisqu’on est passé du traitement de 3 à 4 conteneurs par heure en juin dernier à 20 à 24 conteneurs par heure actuellement. De même, le nombre de naviresm en rade (en attente hors du port) est maintenant de zéro alors qu’il tournait autour de 20 navires auparavant.
Création d’une agence spécialisée
Le PPP (partenariat public/ privé) est appelé à jouer son rôle dans le développement de cette chaîne logistique du transport. A cet effet, le Conseil national des chargeurs (CNC) a été réactivé afin qu’il joue pleinement son rôle dans cette chaîne dans le respect des normes et conventions établies et qu’il soit une interface entre les professionnels et l’administration.
Enfin, le ministre a annoncé la création d’une Agence tunisienne de maîtrise de la chaîne logistique qui aura pour mission la mise en place de cette chaîne, des plateformes logistiques selon les standards internationaux et le développement des PPP.