La violence faite aux femmes est une triste réalité, bien connue, vécue, et souvent banalisée. La Journée internationale pour l’élimination des violences à l’égard des femmes rappelle, tous les ans, le temps d’une journée, le calvaire qu’un nombre encore trop élevé de femmes vit au quotidien. Pourtant, certains y voient un moyen comme les autres pour imposer leur autorité, un moyen parfois accepté par la victime de la violence même.
Les études menées sur le sujet indiquent qu’à travers les cultures et les sociétés, les actes de violence exercés à l’encontre des femmes tout au long de leur vie se produisent le plus souvent dans l’intimité du domicile familial.
Il n’est pas surprenant que l’acteur même des violences juge acceptable d’exercer la violence envers les femmes. Ainsi, plus cette acceptation est grande plus la violence est fréquente et ses conséquences importantes. En effet, les hommes qui jugent qu’il est parfois acceptable de battre leurs femmes risquent deux fois plus d’être violents envers elles. Ceux qui estiment qu’il est toujours acceptable de battre sa femme ont quatre fois plus de risque d’employer des méthodes violentes avec leur partenaire.
De même que l’acceptation de la violence chez la femme augmente « naturellement » les risques de la subir. Reflet d’une société où les valeurs patriarcales pèsent encore très lourd, où les rôles assignés à chacun des sexes enferment les protagonistes dans des espaces figés, le schéma de la violence se perpétue d’une génération à une autre, selon des outils bien rodés : l’éducation, les médias, le système d’enseignement. Tous participent à des degrés différents à l’élaboration d’un modèle où la violence est tolérée.
Pourtant, l’acceptation de la violence par la femme n’est qu’apparente et reflète le poids des contraintes qu’elle doit porter sans broncher. Dans la majorité des cas dans l’impasse, la victime se trouve confrontée au problème majeur de la dépendance économique, instaurée par le conjoint pour rendre le contrôle sur sa compagne durable ou aggraver son isolement social. Le poids du regard des autres stigmatise la femme qui tente de s’affranchir et qui finalement se voit dans l’obligation de se sacrifier pour ses enfants, comme l’a fait sa mère auparavant.
L’acceptation ou résignation des victimes est un fait, car souvent elles ne savent pas à qui s’adresser pour briser ce cycle infernal dans lequel elles sont enfermées. Manque de structures d’aide, manque de compétences et manque de visibilité, ces facteurs tous réunis empêchent souvent la victime de trouver une issue de sortie.
Notons qu’en Tunisie, les résultats de l’enquête nationale de 2011 sur les violences à l’égard des femmes montrent que 47,6% des femmes interrogées, âgées de 18 à 64 ans, ont déclaré avoir subi au moins une forme de violence au cours de leur vie (physique, sexuelle, psychologique et économique). La dénonciation des auteurs des violences est faible, les victimes ne portent plainte que dans 17% des cas. Les structures mises en place pour la lutte et la prévention de la violence faite aux femmes ne rassurent pas, 73% des femmes interrogées déclarent, en effet, ne rien attendre des structures et services en place.
Dans le monde, la moyenne des femmes qui ont signalé avoir subi des violences physiques ou sexuelles de la part de leur partenaire en couple est de 30%. On estime que jusqu’à 38% des meurtres de femmes sont le fait de leur partenaire intime. Des chiffres donnent froid au dos et qui amènent à réfléchir sur la nécessité de changer impérativement les mentalités.