Il serait tentant d’affirmer, mais je me garderai d’y céder, que M. Marzouki ne serait après tout que le rejeton putatif d’Ennahdha. Ce serait laisser entendre, par conséquent, qu’il ne doit un score si élevé au premier tour de la présidentielle que grâce à l’électorat islamique. Je me contenterai, néanmoins, de ne retenir de cet événement que ce qui concerne la survivance de l’ancienne Troika drapée sous les habits neufs d’un président élu au suffrage universel et susceptible de prolonger son séjour à Carthage de cinq longues années qui s’avéreraient humainement insupportables et politiquement catastrophiques.
La campagne du second tour va bientôt générer de nouveaux arguments de la part des deux candidats en lice. Aussi, et à l’adresse de ceux qui se sont nonchalamment égarés dimanche dernier entre 24 candidats, mais se retrouvent aujourd’hui coincés face à un choix difficile et pourraient se montrer sensibles aux nouveaux thèmes de campagne de M. Marzouki, rappelons ces quelques faits.
Pour faire peur aux électeurs (heureusement que les enfants ne votent pas), Marzouki vient de promettre aux Tunisiens une ère d’instabilité en cas de victoire d’Essebsi. C’est que l’instabilité, ça le connaît ! Aussitôt installé à la tête de l’Etat, M. Marzouki s’est montré incapable de tenir en place. Présent sur tous les fronts, il multiplia les déclarations tonitruantes sans s’accorder jamais le temps du recul nécessaire à une prise de décision sereine. Tantôt c’est l’Afrique, pour laquelle il préconise la création des zones de libre-échange, tantôt ce sont les pays du Maghreb qu’il exhorte à l’union, sans parler de la décision imprévue de rompre les relations diplomatiques avec la Syrie. La politique étrangère que la constituante lui avait accordée, était devenue le Bazar d’Istanbul. Outrepassant souvent les limites constitutionnelles de ses compétences, Marzouki se permettait de montrer du relâchement lorsqu’il fallait de la retenue, de l’excès quand il s’agissait de faire preuve de mesure. Du côté gouvernemental, l’alliance de son parti avec les islamistes s’était vite transformée en dissonance génératrice de confusion, d’instabilité et d’inefficience au point de susciter chez bien des Tunisiens le sentiment désolant du « c’était mieux avant ».
Dans une autre déclaration, toute aussi récente, Marzouki réclame le soutien des forces démocratiques au second tour. Autrement dit, faire front aux forces réactionnaires de B. C. Essebsi. Il s’est bien accommodé pourtant d’un régime marqué par un parti hégémonique. Celui-là même qui n’accorda qu’un respect formel aux règles démocratiques, qui s’adossa à une idéologie qu’il cherchait à transformer progressivement en une vérité officielle de l’État, qui essaya en vain d’exercer le double monopole de la force publique et de l’information, qui voulut précipiter l’instauration d’un système de finance dite islamique, en attendant que se mette en place le dernier élément : la stratégie de la terreur salafiste, aujourd’hui établie. Aucun président au monde n’avait assisté en un si court laps de temps à autant de cérémonies d’enterrement de victimes d’attentats terroristes !
Toute révolution commence en tentant d’imposer un nouveau langage, une nouvelle sémantique et un nouveau style chez les personnes appelées à exercer le pouvoir. Au-delà de sa soif irrépressible pour la présidence et l’emparement de ce symbole qu’est le Palais de Carthage, Marzouki aura bien du mal à ajuster son discours à ses nouvelles ambitions. Il ne manquera cependant de rappeler qu’il est encore un homme du peuple, ce malheureux protagoniste aux contours toujours vagues et dont tout candidat réclame la filiation. En arrivant au pouvoir, « l’enfant du peuple » et son prétendu mépris pour les cérémonies et le faste du protocole, avait laissé croire que c’en était fini du train de vie indécent et de l’insolence de son puissant prédécesseur. Mais l’hôte de Carthage n’a pas mis longtemps à renouer avec le passé, en délaissant la simplicité qu’il voulait tant incarner. Malgré les modestes prérogatives de sa fonction, il s’est entouré d’une pléthore de conseillers qui transformaient chacun de ses déplacements en un imposant et interminable cortège présidentiel. Ainsi, celui qui avait commencé son mandat avec la réputation d’être un humble serviteur du peuple, s’est vite pris de mégalomanie aiguë. Les dérives, comme les délires du pouvoir, commencent toujours là où on les attend le moins, dans les petits emblèmes anodins qui attirent peu l’attention et derrière lesquels se dissimule l’exaltation de la puissance: l’apparat des déplacements et l’avion personnel dont on ne peut plus se passer. Mais on ignore toujours si par peuple il entend ceux qui vivent de leur travail ou ceux qui se laissent manipuler.
Il faut aussi s’attendre à ce que Marzouki s’assigne à nouveau la tâche, piteusement ratée, de réformer le pays de fond en comble et d’imposer un nouveau style à la présidence. En 2012, il a pris le pari de tout régler, très vite et bien, créant ainsi des attentes irréalistes auprès des pauvres gens. Mais de cette utopie qu’un Etat en faillite économique, politique et institutionnelle ne pouvait réellement intégrer dans sa logique, l’opinion publique n’a gardé que le souvenir de la mise en scène vestimentaire péremptoire du port du burnous par-dessus un costume sans cravate. Rompant avec la solennité de la fonction, ses traditions et son protocole, il s’est rapidement transformé en un agitateur notoire, auteur de thèmes saugrenus, gestionnaire complètement déconnecté de la réalité et promoteur d’initiatives totalement incohérentes. Il devint alors cible de sobriquets moqueurs et désobligeants, de rumeurs, de plaisanteries, de simples racontars ou de souhaits enrobés dans des on-dit qui révélaient par leur récurrence la lassitude générale.
Il est de tradition qu’un président sortant qui se représente à la magistrature suprême, fasse l’objet d’un bilan ou d’une analyse des années passées à la tête de l’Etat quand bien même celles-ci seraient contrariées par leur caractère provisoire. Pour le cas du candidat Marzouki, une analyse de cette envergure relève d’une véritable psycho-sociologie politique. Une même source pulsionnelle alimente ses manifestations de manque de maîtrise de soi et de ses instincts, de pulsions agressives dans une entreprise non pas de protection des institutions républicaines, laïques et modernes, mais de domination à travers la soumission au diktat islamique d’Ennahdha et des monarchies du Golfe, notamment celle de ses employeurs qataris. Cette force instinctive, était chez lui à l’œuvre dès son arrivée au pouvoir : dans les manifestations les plus intransigeantes et les plus intraitables, dans des prises de position qui dénotent une volonté d’emprise et de puissance. Cette sorte d’irresponsabilité originaire ne s’accompagne chez lui d’aucun sens de la mesure, d’aucune conscience de culpabilité, d’aucun sentiment d’avoir commis une faute, d’avoir échoué, mais du délire d’avoir toujours raison. Ce n’est que lorsque l’irresponsabilité en vient à déborder le pouvoir, à en être la raison et l’échec, c’est-à-dire lorsque l’idéal devient un objet social de honte, que la conscience de culpabilité apparaît.
Pour tous ceux qui, au-delà de la personnalité fragile et vieillissante de Béji Caïd Essebsi, vivent dans la crainte et la hantise de voir Marzouki maintenu à la tête de l’Etat, rappelons que les Tunisiens ont réussi à survivre à un drame qui a contribué avant tout à la perte du consensus national. Il est donc grand temps de rassembler les conditions qui permettent d’éviter dès lors au pays le désordre et l’anarchie. Alors suivez mon regard.
Je suis TUNISIENNE, J’aime ma TUNISIE et
BAJBOUJ est mon unique président.
BAJBOUJ, ce Beau Grand Vétéran,
Président de mon Pays,
Rassembleur du peuple et
Assureur de l’avenir de la Tunisie.
BAJBOUJ est mon favori,
BAJBOUJ est président de ma patrie.
BCE demeurera mon fleuron politique,
BCE est mon guide vers la voie démocratique.
Que Dieu le garde et protège ma Patrie.
BAJBOUJ Président et le Nidaa est mon Parti.