Le projet A.I.D.A (Auto-Immunité: Diagnostic Assisté par ordinateur) s’inscrit dans le cadre de la coopération tuniso-italienne dans le domaine de la recherche et l’innovation dans le secteur de la santé. L’objectif de ce projet est l’amélioration du diagnostic des maladies auto-immunes (MAI), via l’application de systèmes informatiques appliqués aux images d’immuno-fluorescence.
Pour le Pr Amel Benammar Elgaaied, coordinatrice du projet en Tunisie, ce projet tuniso-italien répond à un besoin de la population des malades et des structures sanitaires spécialisées en diagnostic des maladies auto-immunes. Celles-ci occupent, en effet, le 3ème rang en termes de prévalence, après les maladies cardiovasculaires et les cancers.
Les techniques de laboratoire, capables de confirmer le diagnostic des maladies auto-immunes, sont fondées sur la recherche et l’identification des auto-anticorps dans le sérum, par la technique d’immunofluorescence. L’interprétation des résultats de cette technique est délicate et exige l’oeil exercé d’un expert. Aussi bien en Tunisie qu’en Sicile, les tests de recherche d’auto-anticorps effectués se comptent par dizaines de milliers par an. Ce projet vise une amélioration des performances des services de santé, par la réduction de l’intervalle de temps entre l’analyse et l’établissement du rapport et donc une réduction des coûts de santé.
Le premier impact de ce projet tuniso-italien, qui bénéficie du financement de l’Union européenne, est la mise en œuvre d’une politique de soutien à la constitution d’un partenariat durable entre les différentes structures hospitalières de la Sicile (Trapani, Sciacca-Agrigento, Buccheri La Ferla-Palermo, Civico-Palermo) et de Tunis (Institut Pasteur, Hôpital Charles Nicolle, Hôpital Abdelkader Mami de l’Ariana), mais aussi entre les autorités de santé (ministère de la Santé publique en Tunisie, département de la Santé Région de Sicile, Province Régionale d’Agrigente) ainsi qu’entre les établissements de recherche (Université de Palerme et Université Tunis El Manar, Faculté des Sciences).
Ce projet s’est concrétisé par l’établissement d’une large banque d’images (15 000-20 000 images) acquises dans un format numérique, grâce aux différentes structures impliquées dans le diagnostic. « Cette banque de données sera la banque publique la plus grande du monde dans le domaine de l’immunofluorescence appliquée aux MAI ! Mais la dimension d’innovation de ce projet est surtout d’ordre technologique. En effet, il s’agit d’appliquer et de valider un logiciel expert de lecture d’images adapté au diagnostic des maladies auto-immunes, utilisant des systèmes d’intelligence artificielle. Les résultats préliminaires indiquent que ce logiciel est aussi performant que l’oeil des experts en immunologie», indique le Pr Giuseppe Raso, coordinateur du projet.
L’utilisation de ce logiciel en tant que second lecteur offrira à la population de malades un diagnostic plus rapide. Pour cela, les médecins et les professionnels spécialisés doivent être davantage sensibilisés pour être prêts à utiliser dans leurs structures les systèmes d’imagerie médicale. C’est dans cet objectif que sera organisé, dans un hôtel de la place, un cours de formation interdisciplinaire, les 8 et 9 décembre 2014, intitulé : Analyse d’images et maladies auto-immunes.
« En plus de la validation du logiciel, la création de start- up dans le domaine des TIC appliquée à la santé, avec le soutien des pôles technologiques en Tunisie et à Palerme, est l’autre important défi du projet qui pourrait avoir un impact sur l’emploi de haute qualification en Tunisie et en Sicile », ajoute le Pr Giuseppe Raso.