La Gauche tunisienne doit assumer aujourd’hui sa responsabilité historique ! Les valeurs universalistes et humanistes qui nous caractérisent sont sérieusement menacées. Il faut que nous ayons la force de dépasser nos divergences et nos ressentiments ; la Tunisie a besoin aujourd’hui, comme disait Bourguiba : « (…) d’être guidée dans la voie sinueuse et pleine de méandres de la lutte libératrice » de l’obscurantisme !
La vérité qui crève les yeux, c’est que les conservateurs n’ont pas gagné et ne gagneront plus jamais les élections à la majorité absolue : leur accession au pouvoir en 2011 a montré qu’ils ne disposent pas de programme économique mais d’un programme de société incompatible avec notre histoire et nos traditions. Ils résistent en ce moment à travers MMM !
Cela étant, notre rôle, nous les enseignants, les intellectuels, les journalistes et tous ceux qui ont une autorité sur la masse, est d’agir de telle sorte qu’à l’issue de ce moment historique, le Peuple tunisien, et plus particulièrement son aile la plus progressiste, moderniste, ne se trouve pas dans le camp des vaincus, c’est-à-dire réduit à une opposition pulvérisée.
Hamma devrait exprimer son choix personnel au profit de Béji Caïd Essebci ; sans pour autant engager le Front populaire. Ainsi, il montrera à la fois sa limpidité politique et sa haute conscience de l’intérêt suprême de la Nation. En effet, engager le parti pourrait s’avérer à court terme destructeur tant les préoccupations sociales et les programmes économiques entre le Front populaire et Nida Tounes sont éloignés. L’histoire récente du CPR et d’Ettakatel avec Ennahdha n’est-elle pas à ce propos riche en enseignements ?
Pourquoi Mohamed Moncef Marzouki est-il discrédité ?
Les déclarations hasardeuses et hardies du président sont nombreuses et souvent assez retentissantes. A titre d’exemple, nous citons ses propos tenus sur la chaîne satellitaire Al Jazeera en mars 2013 : «Ceux qui pensent prendre le pouvoir par un coup d’Etat ou une deuxième révolution…des potences et des guillotines leur seront érigées», a-t-il déclaré. Pourrions-nous oublier de tels propos et passer sous silence une telle dérive?
Beaucoup d’autres affaires jettent, hélas, le discrédit sur MMM :
L’invitation controversée au Palais de Carthage de Béchir Ben Hassen, un fondamentaliste suranné qui agace et irrite tout démocrate. Il est aujourd’hui son fervent soutien!
- Les affinités de son ancien chef cabinet et aujourd’hui son directeur de campagne, Imed Daïmi, avec les mouvements salafistes jihadistes.
La regrettable affaire du livre noire.
- Les ratés diplomatiques et sa proximité dérangeante, contre-productive pour notre cheminement démocratique, avec Hamad Ibn Khalifa al-Thani.
- Le nombre excessif des « conseillers » au palais de Carthage au courant de ces trois dernières années. D’ailleurs, étaient-ils au moins tous compétents ? Avaient-ils les titres et l’expérience qui incombent à de telles fonctions ? A en juger par les déclarations de certains d’entre eux sur les plateaux de télévision et de radio le doute est franchement fort légitime… !
BCE représente-t-il une garantie suffisante pour la préservation de notre cheminement démocratique ?
Son histoire récente et sa réussite à organiser, d’une manière transparente et incontestable, les élections d’octobre 2011 témoignent de sa limpidité politique. De plus, nous avons besoin de quelqu’un qui ne soit pas tenté d’un second mandat !
Nous devons envoyer des signes de stabilité politique à nos partenaires étrangers pour stimuler les investissements étrangers et renouer avec des taux de croissance supérieurs à 5%. Les dissensions, voire la haine, entre les ténors de Nida Tounes et MMM sont de nature à provoquer des crises institutionnelles profondes concernant la gestion de certains dossiers. Le conflit est tel que le dissentiment dans la manière de juger et d’analyser est certain.
Il est impératif de continuer sur les réformes économiques et fiscales engagées par Hakim Ben Hammouda afin de redonner confiance aux ménages et aux investisseurs tunisiens mais aussi étrangers : bailleurs de fonds et firmes multinationales. Il va falloir soutenir la demande tout en stimulant l’offre. La confiance dans l’avenir est la clé de voûte de toute nouvelle impulsion dynamique, économique. Il n’y pas de croissance sans sécurité et stabilité politique.
Pour finir, nous insistons sur la nécessité pour la Gauche tunisienne d’assumer aujourd’hui sa responsabilité historique! Nos valeurs sont menacées. Il faut en effet que « nous ayons la force de dominer nos divergences et nos ressentiments » ; la Tunisie a besoin aujourd’hui de nous pour se libérer de l’obscurantisme et continuer son chemin vers la modernité et le progrès.