Le premier tour des élections présidentielles au suffrage universel a distingué deux candidats : Béji Caïd Essebsi avec près de 40% des voix et Moncef Marzouki qui a réussi tout de même à totaliser, grâce au corps électoral d’Ennahdha, un peu plus de 33% des suffrages exprimés.
Depuis, les surenchères et les escalades verbales entre les équipes de campagne des candidats alimentent jour après jour la polémique. Nous avons même pu observer quelques escarmouches. La saisie du Tribunal administratif par MMM pour obtenir l’annulation du vote de certaines circonscriptions électorales, en prétextant des irrégularités observées dans quelques bureaux de vote, montre clairement le niveau de tension et l’effervescence des esprits qui dominent ce suffrage. Un suffrage – nous le rappelons- qui est censé être une fête nationale à la gloire de nos martyrs.
L’exercice de la fonction de la « Magistrature suprême », la Présidence de la République, requiert des qualités, des compétences, des propriétés qui ne sont pas forcément de nature exceptionnelle ; mais qui doivent au moins distinguer l’Homme d’Etat des autres hommes de l’Etat. Il ne s’agit donc pas de chercher un homme providentiel – ces temps sont révolus- mais de hisser au sommet de l’Etat un homme qui a le sens de l’Etat. Un Président qui rende à la Tunisie son prestige et la souveraineté de ses décisions.
Par son savoir, ses exploits, son tempérament et son penchant pour le consensus, le futur Président de la République doit être le symbole de la conscience collective et des aspirations des Tunisiens. Il doit être le rassembleur malgré les clivages, l’unificateur face aux divisions, le protecteur contre les menaces internes et externes qui guettent la nation. Le futur Président ne doit donc pas défier, effrayer, ses adversaires et encore moins déconsidérer, offusquer ses concitoyens !
Un homme politique, par excellence : une voix pour l’apaisement…
L’homme de l’union que le peuple tunisien votera pour lui doit refuser de juger les erreurs, éventuelles et même certaines, de ses prédécesseurs car si nous ouvrons une querelle entre le passé et le présent, nous perdrons sans doute l’avenir ! La plaie de la sombre affaire du « Livre noir » n’est-elle pas encore vivace ? Ne l’oublions pas !
La victoire du prochain Président sera d’abord la victoire des forces de la jeunesse de notre pays; une jeunesse par son courage et son amour de la mère patrie a réussi à renverser le dictateur ! La victoire sera aussi celle des forces du renouveau qui se sont rassemblées, un certain août 2013, dans un grand élan national pour la modernité et le progrès.
Elle est aussi celle des femmes et des hommes, simples militants en quête de dignité et imprégnés d’idéal égalitaire, qui, dans chaque rif, dans chaque village, dans chaque ville, toute leur vie, ont espéré ce jour où leur patrie, notre chère Tunisie, vienne enfin à leur rencontre.
La Tunisie traverse une triple crise : une crise politique profonde aggravée par un marasme économique, sans précédant ; la crise sociale (la montée de l’incivilité et surtout de l’insécurité, éclatement de la classe moyenne,…) n’est que le corollaire de la conjoncture économique et politique. Il faudrait donc un homme d’union ; une voix qui prêche l’apaisement et la concorde ; un Président qui mesure le poids de l’histoire, sa rigueur, sa grandeur. Avec la nouvelle Constitution, sa tâche essentielle est de bâtir un Etat qui en soit un. C’est à lui, en effet, qu’il incombe d’éviter que la Constitution prenne, comme dans le passé, un mauvais pli.
…Une voix pour une place dans le monde
Après la révolution, notre place dans le monde a grandi mais hélas, à cause des maladresses à répétition, la diplomatie tunisienne a pâti ! Le peuple de Tunisie a gagné en estime, ses représentants au sommeil de l’Etat, paradoxalement, ont connu une hérésie.
Dans le cadre de ses relations avec l’extérieur, la Tunisie doit œuvrer, comme à l’accoutumer, pour l’entente et la cordialité. Elle doit chercher à imposer le respect de ses intérêts sans pour autant empiéter sur ceux de ses partenaires et surtout voisins. Le chef de l’Etat, vu ses prérogatives dans la nouvelle Constitution, doit veiller scrupuleusement sur le maintien de cette ligne de conduite, cet équilibre.
Ce nouveau siècle s’est ouvert par une série de tensions internationales qui semblent marquer un retour à la période de la guerre froide. Une nouvelle distribution des cartes est à l’œuvre et un nouvel ordre mondial s’érige ! Restons donc en bon observateur et à distance de tous les antagonistes. La débande à propos du traumatisme syrien est encore présente dans nos esprits !
La diplomatie moderne est celle qui associe à l’action extérieure l’ensemble des administrations (industrie, tourisme, commerce,…) tournées vers l’étranger -Ne l’oublions pas, près d’un emploi sur deux dépend de nos échanges internationaux, y compris le tourisme-. Il nous faut donc un Président et un ministre des affaires étrangères qui mettent en relation et coordonnent des activités des relations extérieures.