Plusieurs organisations de la société civile accréditées pour observer le second tour des élections présidentielles tunisiennes ont commenté l’inerdiction de leur stationnement dans la cour des centres de vote par l’Instance Supérieure Indépendante pour les Elections (ISIE). L’ATIDE – une de plus grandes associations – a, dans un communiqué publié ce matin, manifesté son étonnement quant à cette décision qui enfreint, selon elle, la loi électorale et les normes internationales. Le réseau Mourakibou va même jusqu’à remettre en question la transparence des élections.
L’ATIDE a ainsi qualifié cette décision d’arbitraire, contraire aux normes internationales, injuste et affectant la crédibilité des élections.
« Face à l’absence de raisons convaincantes expliquant cette décision, et étant donné la persistance de l’ISIE dans sa position, l’ATIDE s’interroge quant aux intentions réelles qui motivent cette exclusion. D’autant plus que cette décision entrave le rôle patriotique de la société civile, en l’occurrence celui de réussir l’opération électorale et d’assurer la crédibilité des résultats qui en émanent et leur acceptation par les candidats. Nous soulignons dans ce contexte que les infractions les plus importantes, lors des élections législatives et présidentielles durant le premier tour, ont été justement observées dans la cour des centres de vote« , lit-on dans le communiqué de l’ATIDE.
L’ATIDE a alerté l’ISIE des conséquences de la violation de la loi et la met face à ses responsabilités quant aux doutes qui entacheraient toute l’opération électorale, et au retour à un système révolu en contradiction totale avec les normes internationales et avec les principes fondamentaux qui caractérisent des élections démocratiques. Et d’ajouter que la décision de l’ISIE soulève des interrogations sur le timing pour communiquer cette mesure (quelques heures avant le début de l’opération de vote des Tunisiens à l’étranger), privant ainsi la société civile d’exercer son droit de recours auprès des autorités compétentes.
Enfin, l’ATIDE a affirmé qu’elle persistera à accomplir son droit patriotique relatif à l’observation des élections dans tous les centres électoraux. Au cas où elle serait empêchée d’exercer ce droit reconnu par toutes les normes internationales en la matière, l’ATIDE pourrait annoncer à tout moment son retrait de l’observation refusant de participer à un témoignage fallacieux. « L’association s’engage également à exercer tous les recours légaux garantis par la Constitution, la loi électorale et les conventions internationales pour faire face à cette décision« , a affirmé l’ATIDE.
Les observateurs de l’association I Watch n’ont pas, de leur côté, caché leur mécontentement quant à la décision de l’ISIE. Mouhab Garoui, responsable de projet au sein de l’Association I watch, a affirmé à l’Economiste Maghrébin que les observateurs d’I Watch se trouvent face à une campagne d’exclusion orchestrée par l’ISIE. D’après M. Garoui, ces mêmes agissements constatés lors des élections législatives se répètent. Afin d’illustrer ses propos, il a cité les incidents survenus ce matin : une observatrice dans la circonscription de Sfax 1, dans le centre de vote aménagé à l’école Sfax-Médina, a été obligée de quitter les lieux suite à des pressions faites par un député de l’ARP . D’après notre interlocuteur, après avoir accompli son devoir électoral, ce député a fait un tour dans le centre de vote et a eu une discussion avec les électeurs, ce qui a incité l’observatrice à le suivre afin de s’assurer que ces discussions ne relèvent pas de la campagne électorale. « Ce comportement n’était pas du goût du député qui a contacté le président du centre de vote pour faire sortir l’observatrice« , dénonce-t-il.
Et de poursuivre : un autre observateur d’I Watch a été empêché d’accéder au bureau de vote parce qu’il » manque la date sur sa carte d’accréditation. Or nous savons bien que les cartes d’accréditation ne sont pas datées », précise-t-il.