Béji Caïd Essebsi, candidat de l’alliance laïque Nidaa Tounès, a remporté lundi la première élection présidentielle libre en Tunisie. La victoire de l’ancien Premier ministre a été saluée par son rival Moncef Marzouki, mais contestée par une partie des Tunisiens qui évoquent un retour à l’ancien régime.
Selon les résultats officiels, rapporte notre confrère genevois, Info Suisse, M. Essebsi a obtenu 55,68 % des suffrages lors du second tour de scrutin contre 44,32 % pour son rival Moncef Marzouki qui assurait les fonctions de président par intérim depuis sa désignation par l’Assemblée constituante, en décembre 2011.
Avant même la publication des résultats officiels, des affrontements ont opposé les forces de l’ordre à des groupes de jeunes manifestants à El Hamma, ville du sud de la Tunisie.
Selon la même source, une partie de la population tunisienne considère que la victoire de M. Essebsi, 88 ans, qui a occupé le poste de président de la Chambre des députés entre 1990 et 1991 à l’époque du président Zine el Abidine Ben Ali, marque un retour au pouvoir des membres de l’ancien régime. Son rival Moncef Marzouki estime d’ailleurs que cette élection est de nature à remettre en cause la « révolution du jasmin ».
Toujours selon le site suisse, la presse tunisienne a de son côté relevé lundi les nombreux défis auxquels doit faire face la Tunisie, en particulier sur le plan économique. Quatre ans après une révolution largement motivée par la pauvreté, le chômage et la misère restent endémiques alors que la croissance est anémique.
L’autre grand défi est de garantir la sécurité face à l’essor d’une mouvance djihadiste armée responsable du décès de dizaines de soldats, notamment à la frontière algérienne, et de deux figures politiques anti-islamistes en 2013. Des militants du groupe Etat islamique ont d’ailleurs menacé la Tunisie quelques jours avant la présidentielle.
Le chef de l’Etat égyptien Abdel Fattah al-Sissi a félicité le vainqueur, tout comme Barack Obama. Le président américain a souligné « le succès de la première élection présidentielle organisée en vertu de la nouvelle Constitution, une étape cruciale dans l’achèvement de la transition historique de la Tunisie vers la démocratie ».