La Fédération nationale des TIC a tenu hier, 28 janvier, une conférence de presse au siège de l’UTICA à Tunis, afin de mettre l’accent sur la situation du secteur. Présents à la conférence : Kais Sellami, président de la Fédération, Taoufik Halila, président de la Chambre nationale des intégrateurs des réseaux Telecom, et Karim Ahres, président de la Chambre nationale des sociétés de services et d’ingénierie informatique.
Prenant la parole, Kais Sellami a indiqué que le timing choisi pour la conférence ne doit rien au hasard puisqu’il coïncide avec le remaniement du gouvernement : « Il est fondamental que tout le monde sache l’importance du secteur des TIC qui contribue à hauteur de 7,2% du PIB », dit-il. Raison pour laquelle les intervenants doivent accorder une importance particulière à ce domaine, d’après ses dires.
Dans le même cadre, M. Sellami a tenu à déclarer que la Fédération a travaillé en étroite collaboration avec le ministère de l’Emploi et de la Formation professionnelle et le ministère de l’Economie et des Finances, sur plusieurs projets qui n’ont pas encore officiellement démarré : « Le projet Tunisie digitale 2018 a été conçu dans le cadre d’un partenariat public-privé. Il s’agit de six axes qui regroupent 40 projets où chacun pourrait générer entre 2000 et 10 000 postes d’emploi ».
Et d’ajouter que la création du Haut comité numérique est aussi l’idée de la fédération. D’après M. Sellami, c’est un comité qui sera présidé par le chef du Gouvernement : « Nous considérons que l’économie numérique est l’affaire de tous les ministères. Si la Tunisie n’entre pas dans l’ère de l’économie numérique on ne pourra jamais faire de réformes économiques », estime-t-il, avant de regretter que le ministère de l’Economie numérique soit le dernier dans la liste des nouveaux ministères. « Nous avons travaillé avec plusieurs gouvernements afin d’établir une stratégie pour l’économie numérique avant et après la révolution mais rien n’a été concrétisé », regrette-t-il. À la fin de son intervention, M. Sellami a déclaré qu’il est indispensable que le gouvernement valide les fiches projets, encore bloquées à cause de la lenteur de la mise en application.
Quant à Taoufik Halila, président de la Chambre nationale des intégrateurs des réseaux Telecoms, il a critiqué les réticences de certaines parties à confier des ministères ou postes-clés à des chefs d’entreprise. A partir du moment où un chef d’entreprise n’a pas de soucis avec le fisc ou de problèmes de corruption et qu’il a les compétences requises pour un tel poste, le problème ne se pose pas pour sa nomination, estime-t-il.
Revenant sur les opérateurs téléphoniques, M. Halila a jugé que l’évolution dans ce secteur n’était pas positive en termes de contribution à l’employabilité. D’après lui, la Tunisie aurait pu adopter le schéma malaisien : « Quand un opérateur téléphonique débarque en Malaisie, il y achète ses équipements à hauteur de 30% contre des avantages accordés par l’Etat « . Par ailleurs, il a critiqué l’absence de filiale pour les opérateurs téléphoniques tunisiens, notamment en Afrique, « à l’exception de Tunisie Telecom représentée en Mauritanie « , dit-il. Évoquant le problème du très haut débit (Fibre optique), il a indiqué que ce service est essentiellement destiné pour le moment aux « quartiers huppés en attendant qu’il couvre tout le pays« . Evoquant le Fonds Telecom, il a critiqué la faible représentativité de la chambre tout en proposant qu’elle soit représentée par trois membres au sein de ce fonds.
Karim Ahres, président de la Chambre nationale des société de services et d’ingénierie informatique, a pour sa part plaidé pour l’exportation des logiciels et les solutions informatiques conçus par les compétences tunisiennes. « 90% des sites tunisiens ne sont pas hébergés en Tunisie. 90% de la bande passante en Tunisie n’est pas exploitée, ce qui prouve que le problème concerne le contenu technologique. » Parlant de l’embauche, il a déclaré qu’elle s’impose « puisque nous avons environ 12 000 ingénieurs supplémentaires qui arrivent sur le marché du travail« , avertit-il.
Afin de pouvoir exporter les logiciels et les solutions informatiques tunisiens, la création d’un marché local pour les logiciels est devenue un impératif. Et de rappeler que plusieurs applications utilisées par l’administration tunisienne sont conçues à l’étranger.