Rencontré par leconomistemaghrebin.com, lors de la conférence de presse organisée par l’organisation I Watch, le député de Nidaa Tounes à l’ARP (l’Assemblée des représentants du peuple), Souhail Alouini, nous présente le bilan actuel : « On est encore très loin, il y a eu exactement un seul recouvrement de l’argent détourné. Selon nos études, la somme s’élève à 7 milliards de dollars, déposée à l’étranger. » Ajoutant :”Si on savait où se trouve l’argent, ç’aurait été plus facile. Ce que nous savons en ce moment, c’est qu’il y a de l’argent en Suisse, il y en a également sous des prête-noms, et il y a toute une équipe qui a travaillé sur ce dossier peu après la révolution ».
Concernant la coopération avec les pays étrangers, il a répondu qu’ « il y a eu quelques coopérations, notamment avec la Suisse qui a déclaré sa disponibilité de geler les avoirs, mais cette action a par la suite échoué pour des raisons politiques inhérentes à l’ancien gouvernement. »
Il a déclaré, en outre, que le problème est : » comment prouver que l’argent revient à Ben Ali et comment il a été détourné sous d’autres noms, par des sociétés écrans, ce qui nécessite un travail d’enquête, de recherche », qui est loin d’être facile, a-t-il ajouté.
De son côté, le directeur exécutif de l’organisation I Watch, Mouheb Garoui, soutient que l’une des difficultés rencontrées quant à la restitution des deniers détournés par Ben Ali, réside dans l’absence d’une volonté politique et diplomatique ferme.
Quant aux bonnes dispositions exprimées par certains pays, Mouheb Garoui déclare: « On entend bien souvent des promesses exprimées par certains pays, notamment la France, la Suisse et nous avons pu rencontrer les représentants du gouvernement suisse à Genève où nous avons eu aussi des promesses », ajoutant que » le gouvernement tunisien a bien demandé le déblocage de 43 millions de dollars, mais ceci a été refusé par la Cour de justice suisse, au motif, selon elle, que la famille Trabelsi n’a pas été entendue sur l’origine de ces avoirs. »
Il y a bien eu aussi les « 28 millions de dollars débloqués en 2012 au Liban. Toutefois, il n’y avait aucune transparence concernant l’argent restitué », a-t-il précisé.
L’estimation globale du montant des avoirs détournés restitués à ce jour à l’Etat tunisien est de 70 millions de dollars, a-t-il affirmé, (reversés au budget de l’Etat en 2012).
Bien que, petit bémol, la nouvelle composition du Gouvernement Essid ne comprenne pas de poste de Secrétaire d’Etat chargé de la bonne gouvernance, Mouheb Garoui a fait remarquer que sous la Troïka « tout un ministère chargé de la lutte contre la corruption avait été mis en place, et voilà que nous sommes surpris de constater l’absence totale de ce poste dans le gouvvernement en cours de constitution, ce qui n’augure rien de bon quant à la réelle volonté politique de lutter contre la corruption », a-t-il conclu.