Dans un contexte économique très difficile et une ambiance sociale morose, le gouvernement Essid devrait avoir comme première priorité le redressement de la situation économique du pays. A cet égard, Walid Ben Salah, expert-comptable et Secrétaire général de l’Ordre des experts-comptables de Tunisie (OECT) nous a annoncé qu’à cette fin, le plan de redressement doit comprendre des mesures urgentes (quick wins) et des réformes à parachever ou à entamer le plus tôt possible.
Actions prioritaires
- Améliorer les services de l’administration publique à tous les niveaux, simplifier les procédures, alléger les formalités, accélérer les délais, assurer la proximité et la qualité des prestations.
- Engager une vaste action de maintenance des différentes infrastructures publiques dans l’ensemble des régions, collectivités et quartiers.
- Maîtriser les prix, notamment des produits agroalimentaires, en assurant un contrôle rigoureux des circuits de production et de distribution, et ce, moyennant une coordination efficace entre les différents intervenants, organismes et services.
- Reprendre et accélérer la mise en œuvre des projets publics qui sont à l’arrêt ou qui souffrent de blocages et de retards d’exécution.
- Régulariser l’équilibre de la balance commerciale et de la balance des paiements en agissant aussi bien sur les exportations que sur les importations.
- Revoir les équilibres budgétaires et macroéconomiques en vue d’affecter l’endettement public au développement et non aux dépenses courantes, tel était le cas au cours des trois dernières années.
- Mettre en relief le rôle de la Caisse des Dépôts et Consignations (CDC), notamment en matière de création de fonds d’investissement, de couverture et de financement de certains projets.
- Accorder des incitations permettant d’alléger le coût de l’investissement et d’améliorer la création d’emplois, dans l’attente de la mise en place du nouveau Code d’investissement.
- Accorder des bonifications de taux sur les crédits d’investissement, de garanties au profit de certains projets, de faciliter le financement du fonds de roulement…
- Assurer un équilibre dans la structure des emplois des établissements bancaires en fonction de leur maturité et de la nature et la qualité des bénéficiaires pour améliorer le financement de l’économie.
- Limiter le champ des retenues à la source, assurer l’adéquation de leurs taux et améliorer les procédures de restitution des crédits d’impôts et les généraliser à toutes les entreprises surtout les PME/PMI.
- Régulariser définitivement la situation des entreprises confisquées, pouvant constituer un vivier pour la relance de l’investissement et la création de nouveaux emplois.
Réformes à mettre en œuvre ou à engager en urgence
- Rationaliser les dépenses publiques et délimiter les responsabilités à ce titre.
- Restructurer l’ensemble du secteur bancaire et financier, notamment les banques publiques.
- Restructurer les entreprises publiques en vue de l’absorption de leurs déficits colossaux via un full audit.
- Améliorer l’accès au financement, notamment aux PME/PMI en diversifiant les sources et les produits, en revoyant le rôle de la Poste et de la CDC à ce titre et en développant davantage le secteur de la micro-finance.
- Adopter, après leur refonte, les nouvelles lois portant sur le partenariat public-privé, le code d’investissement, les entreprises en difficulté, les moyens de paiement…
- Accélérer le processus de mise en place de la réforme fiscale et renforcer les moyens humains et logistiques de l’administration.
- Simplifier les procédures administratives et douanières, alléger les formalités et réduire les délais.
- Lutter efficacement contre le secteur informel en l’intégrant progressivement dans l’économie formelle.
- Accélérer le processus de traitement des affaires en justice et d’exécution des jugements, notamment en matière économique et de recouvrement des créances et de réalisation des garanties.