Les fondements, sur lesquels est basé le fonctionnement des antidépresseurs, semblent être dépassés, selon les conclusions d’une étude canadienne, remettant en question les principes qui expliquent la nature de la dépression et qui régissent le mode d’action des traitements antidépresseurs les plus couramment prescrits dans le monde.
Les auteurs de l’étude, publiée dans la revue Neuroscience & Biobehavioral, de l’Université McMaster (Ontario, Canada) ont fait le tour des travaux scientifiques appuyant une théorie qui a dominé près de 50 ans de recherche sur la dépression, à savoir : la dépression est liée à de faibles niveaux de sérotonine (substance chimique qui régule l’appétit, l’humeur, la mémoire et l’apprentissage) dans les espaces vides entre les cellules du cerveau.
Les médicaments antidépresseurs maintiennent à cet effet, un niveau élevé de sérotonine dans ces espaces.
Or, les résultats de cette nouvelle étude, suggèrent que lors d’un épisode dépressif le neurotransmetteur en question est libéré en plus grandes quantités, contrairement à ce qui est établie dans les travaux précédents.
Le cerveau agirait de manière à ce que l’action de la sérotonine soit axée essentiellement sur la pensée consciente, et moins sur des fonctions telles que la croissance, le développement, la reproduction, la fonction immunitaire et la réponse au stress.
Ainsi par leur action, les antidépresseurs perturberaient en quelque sorte la réponse naturelle du cerveau à la dépression.
Des études précédentes de grande taille ont rapporté également la possibilité d’une émergence des idées de suicide chez 3% à 17% des patients après l’initiation du traitement, néanmoins les passages à l’acte sont très rares. De plus, même si cet effet peut être observé les premières semaines de traitement, celui-ci décroit avec le temps.
Un fait indéniable est que le traitement antidépresseur réduit de manière significative le risque suicidaire. A titre d’exemple, des études scandinaves ont montré, que le doublement des prescriptions d’antidépresseurs s’accompagnait d’une diminution de 25 % de la mortalité par suicide par rapport à ceux qui ne prenaient pas d’antidépresseurs. Il serait intéressant de déterminer par quel processus la réduction du risque suicidaire se fait grâce au traitement.
L’étude de l’Université McMaster sous entend l’ouverture vers un nouveau créneau de recherche au sujet de la dépression, il ne s’agit en aucun cas d’une remise en question de la prise d’antidépresseurs. L’étude nécessite d’être confirmée d’une part, et d’autre part il est bien établi que la prise d’antidépresseur réduit le risque suicidaire. La modification de tout traitement ne devant être réalisée qu’après l’accord préalable du médecin prescripteur.