Le ton monte entre la partie syndicale et le ministère de l’Education sur le recours à la grève, une fois de plus, sur l’ensemble du territoire tunisien, ce lundi 2 mars 2015.
Bien que les négociations soient en cours, le ministère de l’Education appelle le corps enseignant à suspendre son mot d’ordre de grève et à faire passer les examens du deuxième trimestre.
Ce 2 mars, jour J du démarrage des examens, comme cela devrait être et comme c’est le cas chaque année, s’est transformé en un jour sous haute tension, notamment dans les rapports enseignants-élèves.
Deuxième grève des enseignants en trois mois et qui coïncide avec les examens
La veille, le ministère a indiqué dans un communiqué rendu public sur son site, qu’il s’apprêtait à adopter une partie des revendications des grévistes. Mais ce communiqué n’a pas suffit à convaincre les enseignants qui ont boycotté la tenue des examens.
Aujourd’hui la partie syndicale hausse le ton et pointe du doigt, en direction du ministre de l’Education Néji Jalloul, nommé récemment à la tête du ministère, et accusé d’être en partie responsable de ce conflit, alors que les agressions se font de plus en plus menaçantes, allant des insultes aux jets de pierres à croire les informations qui circulent sur la toile. Ainsi, ce mouvement qui a débuté par une grève sans incident risque de prendre une autre tournure.
Selon le secrétaire général du Syndicat de l’enseignement secondaire Lassad Yaacoubi, une professeur qui aurait été blessée à la tête, a posté sur son compte Fb une photo pour illustrer cette agression.
Pour les élèves et les parents, la coupe est “pleine”, trop c’est trop ! L’exaspération des élèves devient de plus en plus pressante et palpable.
Entre les injonctions syndicale et ministérielle, l’enseignement peine encore à dépasser les questions structurelles qui le secouent et à trouver une issue et un retour au calme.
Sur le terrain, interrogée par notre équipe, la jeune élève Ikhlasse Ezaidi de 7ème année, au collège de la rue de Lénine, a exprimé son inquiétude quant à la situation actuelle, craignant que si les revendications des enseignants ne soient pas satisfaites, les élèves risquent une année blanche, c’est à dire refaire l’année pour une situation qu’ils n’ont pas souhaité.
En réponse à ces protestations des élèves, certains professeurs, qui ont assuré leurs cours, ont déclaré que ces revendications visent à améliorer leurs conditions de travail.
Une autre élève de 9ème année a ajouté : “La seule chose qui compte aux yeux des professeurs c’est d’être mieux payés et il y a même des professeurs qui nous ont ri au nez, rien que parce que nous sommes allés devant l’UGTT pour revendiquer nos droits, alors que la plupart des parents nous ont soutenus”.
En effet, voulant faire entendre leur voix, plus d’une centaine d’élèves se sont réunis lundi 2 mars devant l’UGTT, scandant des slogans tels que « élève, t’es victime dans l’affaire », ou encore « Dégage » au syndicat des enseignants. Puis ils ont observé une minute de silence pour dire qu’ils sont en deuil, avant de chanter l’hymne national.
S’exprimant pour sa part à propos de la grève des enseignants, le directeur du collège rue de Lénine a déclaré qu’une majorité des professeurs était présente. Il a répondu que toutes les dispositions étaient prises pour faciliter le travail des professeurs, à partir du moment où ceux-ci décideraient de collaborer. « Nous sommes prêts à imprimer les devoirs si les professeurs nous les donnent bien évidemment, sinon nous ne pouvons pas procéder autrement », a-t-il conclu.
Ce conflit entre les élèves, les enseignants, le syndicat et le ministère se poursuit sur fond de conditions des établissements scolaires désastreuses : fenêtres brisées, manque d’hygiène sanitaire, absence des professeurs et comportement déplorable dans les classes. La valorisation de l’enseignement n’est pas pour demain.