Dans le cadre du renforcement des relations économiques et financières entre la Tunisie et les Etats Unis d’Amérique, une Conférence sur l’investissement et l’entrepreneuriat se tiendra demain jeudi 5 mars à Gammarth. La délégation américaine comprenant notamment une centaine d’investisseurs et hommes d’affaires sera conduite par Mme Penny Pritzker, ministre du Commerce.
Un protocole d’Accord de la Facilité de garantie de crédit sera signé à l’occasion par Elizabeth Littlefield, PDG de l’Overseas Private Investment Corporation (OPIC), Madleine Albright, l’ancienne Secrétaire d’Etat américaine, Chedly Ayari, gouverneur de la Banque centrale de Tunisie (BCT) et le PDG du Middle East Investment Initiative (MEII), James Pickup.Charles H. Rivkin, Secrétaire d’Etat adjoint aux Affaires économiques et commerciales, que nous avons rencontré à l’Ambassade américaine, a bien voulu nous édifier davantage sur cette manifestation et sur le développement des relations tuniso-américaines.
leconomistemaghrebin.com : Pouvez-vous, monsieur, nous donner une idée sur la portée du protocole d’accord de la facilité de garantie de crédit qui va être signé demain mercredi ?
Charles H. Rivkin : C’est une rencontre exceptionnelle, très importante à mon avis. Elle réunira pas moins de 500 personnes dont des hommes d’affaires, des représentants du gouvernement tunisien et de la société civile ainsi qu’une délégation américaine dirigée par Mme Penny Pritzker. L’accord qui sera signé avec l’OPIC qui est une institution privée d’investissement est très important et démontre que nous sommes déterminés à soutenir la Tunisie et son économie. Pour ce qui est des détails je laisse le soin à Elizabeth Littlefield et aux responsables tunisiens d’en dire davantage.
Vous savez très bien que le coût de la transition démocratique tunisienne a été très élevé. Le grand défi aujourd’hui est celui du financement du développement. Comment comptez-vous contribuer à cet effort qui va déterminer la poursuite du processus ?
C’est intéressant ce que vous dites. Le secrétaire d’Etat John Kerry ne cesse de répéter que «les politiques économiques sont les politiques étrangères et inversement.» C’est sa philosophie. Comme vous le savez j’étais ambassadeur à Paris et aujourd’hui je suis Secrétaire d’Etat adjoint aux Affaires économiques et commerciales, donc j’en sais quelque chose et je m’occupe beaucoup de cette question. S’agissant de la question du développement en Tunisie nous l’avons aidée dernièrement à lever presque un milliard de dollars sur le marché financier international. Ensuite depuis le déclenchement de la révolution nous lui avons accordé une aide d’environ 450 millions de dollars pour soutenir la croissance économique et la transition politique. Par ailleurs le Fonds d’entreprises a contribué à hauteur de 60 millions de dollars et nous espérons qu’il atteindra les 100 millions de dollars. Sans parler de l’apport de demain avec la signature de l’accord avec l’OPIC qui sera très important, prometteur. Sans oublier également les bourses Thomas Jefferson qui donneront l’opportunité à 400 jeunes tunisiens d’aller étudier aux USA. Il y a également un soutien conséquent à la sécurité.
Au-delà de toutes ces formes de coopération, le volume des investissements privés américains reste faible, tout comme celui des échanges commerciaux d’ailleurs. Comment faire pour les booster ?
Pour augmenter les investissements trois conditions au moins s’imposent à savoir : la transparence, la prévisibilité et l’Etat de droit. Je pense qu’il faut travailler beaucoup et continuellement pour satisfaire ces conditions et créer ainsi un environnement propice à l’investissement. Et c’est ce que nous faisons, nous travaillons ensemble côté américain et côté tunisien pour ce faire.
Sur le plan public, officiel, que faites-vous pour que l’image de la Tunisie démocratique soit plus attractive chez vous et notamment dans les milieux financiers?
IL y a avec nous actuellement à Tunis des représentants de la Chambre économique arabo-américaine, une cinquantaine d’hommes d’affaires qui veulent investir en Tunisie. Il y a aussi une délégation de Detroit (Michigan) dont les membres veulent investir. Il y a une entreprise de production de montres, une autre pour aider à la formation de l’entreprenariat…Nous avons en la matière un savoir faire que nous voulons partager avec vous.
Développement, investissement, croissance…oui, encore faut-il aussi garantir la sécurité. Sans sécurité rien ne peut être entrepris. Quelle est à cet effet votre stratégie de lutte contre le terrorisme djihadiste qui menace la Tunisie, la région et le monde entier ?
Nos deux gouvernements œuvrent ensemble et avec le reste des pays bien entendu pour combattre ce fléau. Nous soutenons la Tunisie dans ses efforts de lutte contre le terrorisme. Dernièrement il y a eu à Washington une conférence sur la violence extrémiste. Des représentants d’une soixantaine de pays ont participé à cette rencontre contre cette forme de violence. Une question fort importante pour tous les pays du monde. Il s’agit de faire face aux menaces terroristes et lutter contre ce fléau. Aussi bien le Président des Etats Unis que le Secrétaire d’Etat s’occupe beaucoup de cette question qui les préoccupe. Et vous avez raison quand vous dites que sans sécurité il n’y a pas de développement, ni d’investissements… ce que je peux vous dire aussi que pour notre part nous coopérons avec nos alliés pour trouver une solution au terrorisme de l’Etat islamique notamment. Pour ce qui concerne notre département, notre ministère nous nous attachons à couper les sources de financement, provenant du pétrole, de cette organisation terroriste et nous agissons au niveau du système banque. Nous comptons sur l’effet des sanctions en ce sens. Notre contribution donc consiste à assécher les sources de financement du terrorisme.