La corruption est un fléau mondial qui ne cesse de s’étendre, qu’elle soit politique ou économique, elle touche tous les pays du monde et affecte tous les secteurs d’activités. Quatre ans après la révolution, l’indice de perception de la corruption en Tunisie s’est hissé à la 79 ème place en 2014 alors qu’il était en 2010 au 59 ème rang sur les 177 pays qu’englobe le classement, a indiqué Transparency International.
Sous le thème :”La petite corruption: le danger banalisé”, une conférence de presse a été organisée, le mercredi 4 mars, par l’Association Tunisienne des Contrôleurs publics connue plus sous le nom l’ATCP, à Tunis.
Rencontré à cette occasion, le membre du comité exécutif de l’ATCP, Karim Belhadj Aissa, a indiqué que la petite corruption existe à tous les niveaux exécutifs de l’administration publique, et commence dès la relation entre le citoyen et l’agent public devant les guichets de l’administration tunisienne.
A qui la faute ?
Selon les résultats d’une étude réalisée par l’Association tunisienne des auditeurs publics ( ATCP ) pour déterminer le niveau de la petite corruption dans certaines régions (Grand Tunis, Sfax, Gafsa, Jendouba et Médenine), 27% de Tunisiens affirment avoir participé à un acte de corruption, 77% affirment que la corruption a augmenté.
D’après l’analyse de l’ACP, 84% des Tunisiens ont été victimes et n’ont jamais dénoncé ces actes de corruption car 58 % d’entre eux pensent que cela ne sert à rien, et que leur plainte ne sera pas prise en compte. Seuls 13 % estiment que leur voix serait entendue par les institutions concernées et 84% des Tunisiens ont été victimes d’actes de corruption.
Le montant global de cette petite corruption est estimé à 450 millions de dinars durant l’année 2013, a déclaré le président de l’ATCP, Charfeddine Yakoubi.
Parmi les secteurs touchés et où la corruption est la plus répandue selon le classement, vient le secteur de la sécurité qui se place premier du classement suivi de la Douane, la justice, ensuite vient la santé qui est au 4 ème rang. Viennent ensuite les collectivités locales, les banques, les assurances, le sport, l’enseignement, les partis politiques, les médias, et enfin les syndicats.
Par ailleurs, selon les résultats de l’enquête, la petite corruption est à l’origine du développement de la criminalité et du terrorisme et plus le niveau de la corruption s’élève, moins la probabilité de signaler un crime existe.
Quant à la corruption selon le genre, il se trouve que les femmes sont moins disposées que les hommes à verser des pots-de vin, soient 36 % d’entre elles contre 64% pour les hommes.
Comment peut- on lutter contre ce fléau ?
Pour Karim Belhadj Aissa, la recette est simple:” Du moment que ceci émane de la relation directe, citoyen et agent public dans les guichets, il faut rompre avec cette relation et minimiser le contact direct du client avec l’administration”, a-t-il répondu.
Renforcer la transparence directe dans les administrations tunisiennes, créer un climat de confiance entre les Tunisiens et les autorités publiques, améliorer les mécanismes de contrôle et de lutte contre la corruption, activer le système de recevabilité des plaintes à travers les médias et la société civile, faire de l’obligation de transparence une obligation de l’administration publique, telles sont les recommandations nécessaires pour dénoncer la corruption, et ce, à travers l’application effective des lois y afférentes.
Enfin, la solution, selon lui, c’est aussi la diffusion du rapport, et c’est à l’administration de rendre compte au citoyen et non pas l’inverse, a-t-il conclu.