Après avoir vu partir à contrecœur la Banque africaine de développement ( BAD ) pour reprendre possession d’un siège à Abidjan, laissé provisoirement vacant pour cause de guerre civile (un épisode qui rappelle à bien des égards le cas du retour de la Ligue arabe au Caire), et en cela, on peut aisément le comprendre, voilà que la Tunisie revient à la charge en briguant la présidence de cette vénérable institution créée en 1964 et ce, à travers la candidature de l’ancien ministre des Finances Jalloul Ayed. Financier de haut vol, à la réputation bien établie, l’ancien argentier du pays, doublé d’un mélomane averti à ses heures, ambitionne de faire de la BAD , première institution financière de développement en Afrique, une locomotive pour la prospérité et la croissance du continent.
Un ambitieux projet dont il trace les grandes lignes : intégration économique, promotion des PME, réforme du système financier et mobilisation des marchés de capitaux. M. Ayed, qui s’apprête à faire campagne, a besoin d’une mobilisation de tous les instants (appui logistique, appui politique, enfin appui diplomatique), car personne n’a oublié les échecs patents pour la candidature de la Tunisie à l’ALECSO et à l’ASBU et dont les gouvernements successifs de la Troïka portent la responsabilité. Fort heureusement, la donne a changé aujourd’hui, puisque l’on peut désormais compter sur le professionnalisme de la nouvelle équipe qui vient tout juste de prendre en main les destinées de diplomatie tunisienne. Mais il n’y a pas que cela, puisque l’effort personnel du candidat est requis.
De par une riche expérience accumulée au fil des années, notre candidat devrait en effet se prévaloir d’un carnet d’adresses bien fourni qu’il n’aura aucun mal à activer pour se faire mieux connaitre, et présenter son projet pour la banque et plus généralement pour l’Afrique dans son ensemble. Attention, la BAD est l’une des plus importantes institutions financières internationales et le coup d’envoi de la course à la présidence est prévu pour le 28 mars prochain, lors de la réunion à Abidjan de l’Assemblée annuelle du Conseil des gouverneurs. Autant dire demain.
(Cet article a été publié dans « Le bloc-notes de Mohamed Faouzi Blout » intitulé Impitoyables paru dans L’Economiste Maghrébin (Magazine) n°653 du 4 au 18 mars 2015.