Nous sommes proches de la journée mondiale de la femme, qui se tiendra le 8 mars prochain, une occasion à saisir afin de rappeler l’importance de la défense des droits de la femme, notamment dans le contexte très particulier de la maladie du SIDA, ou elle est plus souvent victime d’inégalité et de préjugés dans nos sociétés.
A cet effet, un colloque international intitulé « Genre et VIH au Maghreb: La relation d’aide à distance à l’écoute des populations clé », a été organisé sous l’initiative de l’Association Tunisienne de Lutte contre les Maladies Sexuellement Transmissibles et le sida, en partenariat avec SIS-Réseau , la plateforme ELSA , et l’ALCS Maroc.
L’évènement a mit l’accent sur l’importance de la question du genre dans le programme et politiques publiques et santé dans la réponse au VIH/SIDA. Négliger la question du genre aboutit inévitablement à des inégalités. Dans le contexte du VIH , les écarts hommes/ femmes sont même frappants, en effet sur 33 millions de personnes séropositives, 17 millions de femmes sont atteintes par la maladie. La proportion est largement supérieure chez les femmes de 15 à 49 ans, qui sont touchées par la maladie avec un taux de 60 %. Pourquoi une telle inégalité ? Selon l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), « les femmes sont plus sensibles à l’infection par le VIH sur le plan physique.
La transmission du VIH de l’homme à la femme au cours d’un rapport sexuel est environ deux fois plus fréquente que la transmission d’une femme à un homme ». Mais il ne s’agit pas seulement de facteurs biologiques. La forte transmission du VIH chez la femme est imputée à des facteurs sociaux et culturels. Une vulnérabilité imposée par des normes sociales qui par exemple permettent aux hommes d’avoir plus de partenaires sexuels que les femmes.
De même que les contraintes socio-économiques qui privent souvent la femme d’avoir accès à l’information , la dépendance économique qui contraint la femme d’accepter les pratiques sexuelles à risque sans avoir le choix de « négocier » quoi que ce soit ( à titre d’exemple l’utilisation de préservatif) , ou de recourir au sexe tarifé.
La violence sexuelle dont la femme est plus souvent victime accroit cette vulnérabilité. De plus selon certaines croyances les femmes ne devraient avoir une bonne connaissance de la sexualité, ce qui les expose au risque d’être moins informées du lien entre la sexualité et le risque de transmission du VIH.
L’expérience du réseau Sida Info Service (SIS) montre à cet effet, l’importance de l’aide à distance dans ce contexte très particulier. L’aide à distance s’articulant autour de principes éthiques à savoir: l’anonymat des appelants et des écoutants, la confidentialité des échanges, le principe de non jugement de la personne. L’écoute à distance assure ainsi, un rôle qui manque cruellement dans nos sociétés vis-à-vis des victimes du VIH à savoir l’écoute empathique.
En tenant compte de la singularité de chacun des appelants, ce réseau de soutien permet d’orienter, d’informer et d’assurer un soutien psychologique qui manque souvent aux victimes du VIH. A quand un tel réseau en Tunisie, et à quand une politique de lutte contre le VIH conforme aux singularités de chacun, et aux particularités relatives à la question du genre? La réponse sera très certainement donnée par nos politiques…un jour.