Pour Tunisair, le dialogue social est le thème principal d’un atelier tenu le 6 mars sur: « La capitalisation des acquis en matière de dialogue social », en collaboration avec les services concernés de la présidence du Gouvernement et une délégation officielle de la ville française de Suresnes
Plaçant le sujet dans son contexte, Nizar A. Ben Sghaier, conseiller des services publics auprès de la présidence du Gouvernement, a indiqué que le travail sur le dialogue social dans la fonction publique remonte au déclenchement de la révolution, raison qui a poussé le gouvernement à faire un diagnostic de la situation entre syndicats et administration ainsi que d’un certain nombre de lacunes au niveau juridique.
Il a indiqué qu’un travail approfondi est en cours concernant l’axe juridique, et ce, avec la coopération française, afin d’améliorer les textes de lois régissant l’activité syndicale. « Mais en parallèle on a voulu faire des actions pratiques et rapprocher la méthode du dialogue social des responsable administratifs et syndicaux ». D’après M. Ben Sghaier, le projet initié en partenariat avec la ville de Suresnes présente un cas pratique et un laboratoire en matière de dialogue social. Ce partenariat a été réalisé sous l’égide de l’OIT, lors d’une visite organisée par les représentants de l’organisation. Dans ce cadre, un premier cycle de visites et de formations au profit de deux groupes de cadres de Tunisair, composé de six agents dont quatre secrétaires généraux de bureau syndicaux, a eu lieu dans la ville de Suresnes le mois de janvier dernier.
Mme Béatrice de Lavalette, adjointe au maire, déléguée aux ressources humaines et au dialogue social, a expliqué la nature du projet lors de son intervention. Pour elle, le dialogue social est une priorité car selon elle, il n’existe pas une voie alternative pour optimiser la performance publique et instaurer des conditions de travail optimale. Et de rappeler qu’avant son arrivée, il n’existait pas de dialogue social et les relations étaient extrêmement tendues entre les syndicats et l’administration. Elle a déclaré qu’elle s’est inspirée de l’exemple d’une entreprise privée qui a signé en 2009 la première charte du parcours syndical. Après avoir réuni les trois organisations syndicales et suite à une discussion qui a duré trois mois, un accord est né avec deux objectifs : le renforcement de l’engagement syndical et la reconnaissance des compétences par les partenaires sociaux. De même, elle a indiqué que la mairie a des partenariats avec trois établissements universitaires parmi lesquels Sciences Po où les syndicalistes ont pu être formés sur le dialogue social et les enjeux de la discussion. Elle a déclaré que parmi les résultats obtenus grâce à cette charte il y a eu notamment la diminution de la protestation syndicale et une meilleure entente.
Mohamed Idoudi, directeur central à Tunisair, a quant à lui axé son intervention sur le dialogue social au sein de Tunisair. Après avoir fait une brève présentation de Tunisair, le directeur central a indiqué que les charges du personnel de Tunisair se montent à environ 216 MD en 2015. Quant au volet syndical, il a indiqué que la compagnie nationale dispose de 13 bureaux syndicaux qui relèvent des différents syndicats, soit 90 membres. Il a mis l’accent sur les rencontres périodiques entre l’administration et le syndicat (une rencontre par mois). De même, il est revenu sur les détails du plan de redressement social : son coût serait de 75 MD avec une participation de l’Etat à hauteur de 52MD et 23 MD pour Tunisair.
La parole a été ensuite donnée à Adel Azabi, ancien secrétaire général de la Régie Nationale des Tabacs et des Allumettes (RNTA), qui a livré un témoignage tiré de son expérience. D’après lui, on ne parle de dialogue social que lorsque tous les intervenants se respectent mutuellement et sont sur un pied d’égalité. Il a indiqué dans le même contexte que la grève de 1989 des agents de la RNTA, qui avait duré cinq jours, a été déterminante à l’époque dans la décision des pouvoirs publics d’entamer des discussions avec le syndicat de la RNTA. Abondant dans le même sens, son collègue a évoqué la solidarité des agents de la RNTA face à l’incendie qui avait ravagé leurs locaux à un certain moment. « Nous sentions notre appartenance à l’entreprise », dit-il.
Rappelons que Tunisair a annoncé que l’année 2015 sera celle de la formation et de la responsabilité sociale de l’entreprise.