Dans le cadre des Journées de l’Organisation de coopération et de développement économiques ( OCDE ), organisées du 10 au 13 mars en Tunisie, un séminaire s’est tenu ce matin sur le thème « Meilleures politiques et investir dans la jeunesse en Tunisie », et ce, en présence d’Angel Gurría, secrétaire général de l’ OCDE, Zied Laadhari, ministre de la Formation professionnelle et de l’Emploi, Bouthaina Ben Yaghlane, secrétaire d’Etat aux Finances.
A l’issue de ce séminaire, les trois responsables ont présidé un briefing de presse, au cours duquel ils ont donné un aperçu général sur les Rapports Tunisie : – Un programme de réformes à l’appui de la compétitivité et de la croissance inclusive 2015 ( série OCDE Meilleures Politiques ) – Investir dans la jeunesse en Tunisie – Renforcer l’employabilité des jeunes pendant la transition vers une économie verte.
La Tunisie a accompli des progrès considérables depuis 2011 pour un régime politique plus inclusif et équitable, basé sur un Etat de droit, transparent et une bonne gouvernance. Le pays doit désormais adopter un nouveau modèle de croissance pour réaliser son plein potentiel et consolider sa transition démocratique, selon les nouveaux rapports de l’ OCDE.
D’après le rapport de la série Meilleures politiques intitulé « Tunisie : un programme de réformes à l’appui de la compétitivité et de la croissance inclusive 2015 », l’ancien modèle de développement tunisien est caduc et a abouti à d’importantes disparités régionales, à des interventions fréquentes de l’Etat dans l’économie qui brident la productivité et à un taux de chômage élevé parmi les femmes et les jeunes, incitant ces derniers à se tourner vers des emplois informels ou encore à émigrer.
A cet égard, l’ OCDE encourage la Tunisie à engager des réformes de grande ampleur visant à assurer la croissance des entreprises et l’entrepreneuriat et à poser les fondements d’une économie plus dynamique et concurrentielle, créatrice d’emplois. Il conviendrait, notamment, d’éliminer les lourdeurs administratives et d’alléger le contrôle des prix pour améliorer le climat des affaires.
L’étude indique, également, qu’il est nécessaire de réduire la dualité du marché du travail et de combattre les disparités régionales à travers des infrastructures renforcées et des politiques sociales ambitieuses.En outre, elle souligne qu’il faut assurer la stabilité économique, en remédiant aux vulnérabilités du système bancaire et en réduisant le déficit budgétaire.
Le secrétaire général de l’ OCDE a déclaré, dans ce sens, que la Tunisie offre aujourd’hui un nouveau visage, reflet de la volonté de changement de toute une génération de jeunes Tunisiens qui sont descendus dans la rue avec l’espoir de bâtir un avenir meilleur. Cette jeunesse constitue, selon lui, la pièce maîtresse sur laquelle asseoir une prospérité partagée. Il est donc temps de s’attaquer aux obstacles structurels qui empêchent de longue date cette génération et tous ceux qui vivent dans les régions les plus pauvres de jouer pleinement leur rôle dans l’économie et la société tunisienne.
Miser sur la jeunesse tunisienne
S’agissant du rapport Investir dans la jeunesse en Tunisie – Renforcer l’employabilité des jeunes pendant la transition vers une économie verte, il passe en revue les politiques du marché du travail, ainsi que les mesures sociales les plus prometteuses pour supprimer les obstacles à l’emploi.
Il a été recommandé, en fait, d’améliorer l’employabilité des jeunes au moyen de politiques sociales et du marché du travail efficaces. Il faut, par ailleurs, mettre en place un système d’indemnisation du chômage, atteindre et mieux cibler les programmes de transferts monétaires non conditionnels (Programme national d’aide aux familles nécessiteuses), afin d’offrir en dernier recours un filet de sécurité de base, renforcer les services publics de l’emploi et le système d’aide à l’entrepreneuriat.
Il faut, toutefois, rendre plus attrayante l’embauche des jeunes. Pour ce faire, il faudra encourager un dialogue social constructif qui tienne adéquatement compte de la situation des jeunes, réduise les écarts de salaires et de prestations entre les secteurs public et privé, utilise de façon plus mesurée les subventions salariales pour encourager l’embauche et mieux cibler ces subventions sur les défavorisés, les peu qualifiés et les chômeurs de longue durée.
Il faut, ainsi, accroître l’efficacité de l’enseignement et de la formation professionnelle pour faciliter la transition école-travail. Il conviendrait, par exemple, de rendre l’enseignement et la formation professionnelle plus attrayants pour les étudiants prospectifs, en facilitant les transferts entre filières générales et professionnelles et en améliorant la qualité des options au niveau du deuxième cycle du secondaire.
Il importe aussi de favoriser les possibilités d’emploi des jeunes dans le secteur de l’écologie en se concentrant sur les domaines, où il y aura soit une expansion de l’emploi, soit des modifications sensibles des compétences de l’emploi. Ces domaines sont vraisemblablement l’énergie renouvelable, les déchets et le recyclage, l’éco-tourisme, l’exportation de produits agricoles biologiques et la construction.
A noter que depuis plusieurs années, l’ OCDE soutient la Tunisie dans ses efforts de réformes. Ces nouveaux rapports couronnent un important exercice de coopération entre les deux parties, identifient les réformes prioritaires pour la croissance inclusive, l’employabilité et le développement et contribuent à enrichir le débat public sur les grandes orientations économiques et sociales.