Le principal défi de la phase actuelle en Tunisie sera d’entamer des réformes approfondies, car la situation économique du pays exige ces réformes qui répondent aux besoins de l’étape actuelle et renforcent le potentiel de croissance.
A cet égard, plusieurs propositions ont été présentées par les parties prenantes, telles que l’Institut arabe des chefs d’entreprise ( IACE ) qui a élaboré « un livre blanc » sur ces réformes.
C’est dans ce contexte que l’IACE a organisé, aujourd’hui, la première édition de Tunis Economic Forum qui a débattu du thème : «La mise en place des réformes : urgences et méthodes», et ce, en présence de M. Habib Essid, Chef du Gouvernement, Ahmed Bouzguenda, président de l’IACE, Walid Bel Haj Amor, président du Centre tunisien de veille et d’intelligence économique IACE, Slim Chaker, Ministre de l’Economie et des Finances, Wided Bouchamaoui, présidente de l’UTICA, Tarek Chaabouni, membre du Comité directeur de l’IACE, ainsi que des économistes, des experts, des think-tanks, des politiciens et des représentants de la presse nationale.
Le défi majeur auquel l’économie tunisienne est confrontée est la mise en place des conditions favorables pour la placer sur une trajectoire de croissance régulière et plus élevée que celle d’avant-crise, tout en tenant compte de l’environnement international et de l’ampleur des passifs contingents. Pour ce faire, il importe d’engager des réformes structurelles favorisant l’émergence d’une croissance inclusive et la préservation de la stabilité macroéconomique. Et afin de mettre en place ces réformes, il convient de tenir compte de l’ensemble des paramètres, à savoir les acteurs concernés, les conflits d’intérêts, les enjeux électoraux, etc.
En effet, l’exécutif n’est pas le seul acteur impliqué dans le processus des réformes. Par les changements de règles qu’elles impliquent, les réformes induisent des conséquences entraînant une mobilisation des agents pour lesquels elles comportent un enjeu économique.
Parmi les réformes à engager, celle de la fiscalité, du code de l’investissement, du système de sécurité sociale et de prévoyance, des entreprises publiques et de l’administration, du système d’éducation et de formation, la politique industrielle, la restructuration du système national d’innovation, la stimulation de la concurrence sur le marché des biens et services, la restructuration du système financier et bancaire, du marché de l’emploi…
C’est dans ce sens qu’Habib Essid a annoncé, à l’ouverture du Forum, que son gouvernement s’est engagé à poursuivre les réformes lancées par les gouvernements précédents dans les domaines du partenariat public privé (PPP) la restructuration des banques publiques et de l’ensemble du système de financement.
Il a évoqué, également, le programme de « Guillotine réglementaire » ciblant l’élimination ou la révision de plus de 1000 procédures administratives.
« Ces réformes, qui concerneront aussi le système fiscal et les finances publiques sont des réformes profondes et délicates nécessitant un diagnostic précis, une vision claire, des moyens importants et même des sacrifices de la part de certains », a-t-il estimé.
D’autres réformes sectorielles seront, en outre, menées prioritairement dans les secteurs de l’investissement, l’éducation et l’enseignement supérieur, la santé, les systèmes de compensation et les systèmes de sécurité sociale et de retraite, dixit Habib Essid.
Le chef du gouvernement a, en fait, précisé que la concrétisation de ces réformes sera soumise à des diagnostics successifs, en rapport avec l’élaboration du document d’orientation du plan.
« L’Etat, n’étant pas le seul acteur, les réformes seront menées dans le cadre d’un travail commun et d’une réflexion élargie, garantissant aux parties concernées le droit de réagir et de proposer», dit-il.
Pour sa part, Ahmed Bouzguenda a déclaré que les chantiers de réformes sont divers, mais qu’il est primordial de donner la priorité aux réformes bancaires et celles relatives à la modernisation de l’administration publique.
« L’objectif est de préparer le terrain pour la concrétisation des réformes économiques à l’instar du projet de loi sur le PPP, la réforme fiscale…», a-t-il souligné.
Outre le choix des réformes à mettre en place, la Tunisie sera, d’après M. Bouzguenda, confrontée aux difficultés de leur financement. Et de rappeler que « depuis 2010, la Tunisie a reçu, de la part des bailleurs de fonds internationaux, des financements de l’ordre de 3200 millions de dinars, en vue de mener des réformes, lesquelles n’ont pas bien avancé ».
Slim Chaker n’a pas manqué, de son côté, de dire qu’« il ne suffit pas d’appuyer sur un bouton pour entamer les réformes. C’est un chantier de vingt ans de travail. Cela exige la participation de toutes les parties prenantes. C’est la condition sine qua non du succès », a-t-il affirmé.
Intervenant à ce débat, Wided Bouchamaoui a annoncé qu’ « il faut que le gouvernement ose prendre des décisions courageuses pour entamer ces réformes, parce que les gens sont impatients et veulent en finir avec des résultats abstraits. Il faut donc passer à l’action ».