La Tunisie, comme d’autres pays dans le monde, est confrontée à une véritable menace : le terrorisme. Pour aborder cette thématique, une réunion s’est tenue le 12 mars à Tunis sur le thème : » Lutte contre le terrorisme dans le respect des droits de l’Homme« ; réunion organisée par le Conseil de l’Europe.
Depuis décembre 2012, une multiplication d’attaques ont visé des soldats, faisant lors de la première attaque pas moins de 14 tués et 20 blessés dans la zone militaire fermée de Chaambi, près de la frontière avec l’Algérie. Le bilan le plus lourd a été enregistré le 17 juillet 2014, peu avant la rupture du jeûne. D’autres attaques ont suivi.
Rencontré lors de la réunion, le député de Nidaa Tounes à l’ARP et président de la Commission de l’organisation administrative des affaires des forces armées, Jalel Ghedira, précise : « Le terrorisme est en train de faire un grand pas en avant et nous devons y mettre un terme. Évoquant le projet de loi antiterroriste qui a été présenté hier, à l’ARP, Jalel Ghedira a mentionné qu’il sera soumis au vote d’ici un mois, en tenant en compte de celui de 2003″.
Pour Abdellatif Mekki, député d’Ennahdha, la Tunisie a signé 14 conventions onusiennes sur 18. Selon lui, « la lutte contre le terrorisme est un long combat. A présent les terroristes ne craignent plus les forces armées, alors qu’ils craignent les pays démocratiques, ou ceux qui sont en processus de transition ». Et d’ajouter : « La Tunisie reflète l’image d’un pays endommagé ».
Par ailleurs, Ivan Koedjikov, Chef de service de la lutte contre la criminalité et coordinateur pour la lutte contre le terrorisme au Conseil de l’Europe, affirme que toute action doit être mise dans un cadre juridique. La Tunisie n’a pas adhéré au Conseil de l’Europe, qui est un espace commun en matière de respect des droits de l’Homme entre autres. Si elle décidait de le rejoindre ce serait un grand pas, sachant que le Conseil de l’Europe compte 47 Etats membres, a-t-il déclaré.
Interrogé sur les djihadistes d’origine étrangère, il a répondu que des discussions étaient en cours pour comprendre les motivations de ces jeunes qui représentent un phénomène des plus dangereux, car des milliers de jeunes Européens préfèrent au lieu de vivre dans une Europe démocratique et libre, partir en Syrie pour le djihad. Pour lutter contre ce phénomène il propose de » criminaliser un certain nombre de comportements qui sont des crimes et de prendre les mesures nécessaires, en démocratie, pour la jeunesse. Il y a tout un travail à faire », a-t-il affirmé.
D’un autre côté, le professeur de droit international Ana Maria Salinas de Frias, experte indépendante au Conseil de l’Europe, a fait un rappel sur la Convention de 27 janvier 1977, qui selon elle est importante. A cette époque, c’était la seule convention qui parlait de prévention et de terrorisme, mais trente ans plus tard, il faut mettre en oeuvre d’autres conventions car le terrorisme a évolué.
Elle ajoute : « Il est important de prendre les devants dans la lutte contre le terrorisme. Il y a l’acte et l’intention, une fois qu’on est décidé à commettre l’acte, on a des actes pré-opératoires avant que l’attaque elle-même ne puisse se produire. C’est le stade pré-action terroriste. Rappelez-vous ce qui s’est passé en 2001, ce type d’acte n’était pas prévu dans la convention internationale. Et en prenant l’exemple de ce qui se passe maintenant avec l’Etat islamique et la diffusion via les réseaux sociaux, se pose la question de la criminalisation de l’auto-radicalisation terroriste. De plus, l’apologie du terrorisme n’a pas été criminalisée par beaucoup d’Etats membres du Conseil de l’Europe ».
Mme Salinas de Frias a félicité la Tunisie pour ce qu’elle a accompli en signant 14 conventions onusiennes sur les 18 disponibles. « Peu d’Etats l’ont fait et je suis agréablement surprise par les projets de loi que les députés tunisiens sont en train de discuter et notamment le projet de loi antiterroriste », conclut-elle.