Son intitulé porte en lui le thème de la problématique : « La formation et l’ emploi de l’ingénieur : quelles actions pour sortir de la crise ? ». Le séminaire vient à point nommé au moment où la grève des élèves ingénieurs s’achève et la polémique entre Ecole d’ingénieurs publique et Ecole d’ingénieurs privée n’est pas encore close. Organisé par l’Association des anciens diplômés de l’ENIT, ce séminaire se propose de passer en revue les difficultés auxquelles fait face le secteur de l’ingénierie en Tunisie.
Mongi Miled, président du comité provisoire du Conseil de l’Ordre des ingénieurs Tunisiens, lors de son intervention, a expliqué que les problèmes au niveau de la profession de l’ingénieur se situent à plusieurs niveaux : au niveau de la formation,d’abord. L’intervenant a pointé du doigt l’absence de qualité de la formation, dans plusieurs écoles d’ingénieurs qu’elles soient publiques ou privées et de souligner le manque d’équipements dans plusieurs établissements, ce qui constitue un handicap majeur pour avoir un enseignement de qualité.
Revenant sur la problématique de l’équivalence, en rappelant que le rôle de l’Ordre au sein du comité demeure consultatif, et d’appeler le ministre à intervenir à ce niveau là. « La dégradation du niveau de la formation des ingénieurs ne répond pas aux normes de qualité internationale », soutient-il. Dans le même contexte, il a souligné le fait que dans certaines universités privées, des cours essentiels dans la formation des ingénieurs sont confiés à des enseignants vacataires privées. De plus, ces mêmes écoles privées admettent des élèves ingénieurs qui n’ont pas le niveau requis.
Il a recommandé des mesures d’urgence dans le même contexte afin de pallier tous ces problèmes : « Il faut soumettre ces écoles à un audit réalisé par des organismes indépendants et compétents d’accréditation et de contrôle de qualité et retirer les autorisations à toute école défaillante », ajoute-t-il.
De son côté Lotfi Boussaid, Docteur en électronique et microélectronique de l’ENIM, a affirmé que le nombre des ingénieurs inscrits à l’OIT jusqu’au mois de février 2015 est de 45.000 ingénieurs issus de 132 spécialités. Le nombre estimé des diplômés non inscrits à l’OIT est de 15.000. Il a affirmé que le taux de chômage a atteint plus de 10% pour 2015. Pour les génies informatique et logiciel 3,1% et 11,2% génie financier. Une étude qui date de 2013 affirme que le taux de chômage serait de 40%.
Pour sa part Abdelaziz Halleb, membre de la commission économique de l’UTICA, il a estimé que le problème du chômage des ingénieurs est dû à l’inadéquation entre le modèle économique tunisien et la formation assurée par l’école d’ingénieurs tout en indiquant les différentes mutations. L’intervenant a rappelé qu’avant 1980, il n’existait pas de crise quant à l’employabilité des ingénieurs et pour cause, l’Etat était le seul recruteur et dès l’obtention de l’ingénierie, le diplômé signait un contrat avec l’Etat. « c’est avec le changement du modèle économique en Tunisie vers 1980 que la crise a bel et bien commencé , précise-t-il, laquelle s’est aggravée en 1990 ». L’intervenant a pris soin d’expliquer qu’à chaque fois que le modèle économique tunisien change, que des innovations font leur apparition, les écoles des ingénieurs ne suivent pas le changement. Il a plaidé pour une réforme en profondeur basée sur une adéquation entre le modèle économique tunisien et le contenu de la formation.
Afin d’illustrer les problèmes des élèves ingénieurs, la parole a été donné à Jasseur Landolsi, représentant des élèves ingénieurs à l’INAT. D’après l’élève-ingénieur si un bachelier a choisi de s’orienter vers l’agronomie c’est qu’il pense à l’avenir de la Tunisie car l’économie tunisienne dépend également de la bonne santé du secteur agricole. Il a souligné l’absence de matériel et d’équipements pour assurer les TD, facteur qui pourrait altérer la qualité de la formation d’après Jacer. Et de mettre l’accent sur le côté pratique de la formation qui demeure absent d’après lui.