C’est en Afrique du Nord et au Moyen-Orient qu’on retrouve 49 % de la population constitués de femmes. Bien qu’elles excellent dans divers domaines, elles vivent pourtant dans des pays qui ne leur donnent pas l’occasion d’avoir accès à des postes de prise de décision.
Dans le cadre de son programme Amal, Oxfam Tunisie et ses partenaires- l’Association tunisienne des femmes démocrates (ATFD), l’Association des femmes tunisiennes pour la recherche sur le développement (AFTURD) et la Ligue des électrices tunisiennes (LET)- ont organisé hier à Tunis une conférence de presse pour mettre l’accent sur les revendications des femmes rurales.
Le programme Amal est présent en Afrique du Nord – Tunisie, Maroc- mais également au Moyen-Orient, tels la Palestine et le Yémen – et l’une de ses missions est de faire participer les femmes à tous les niveaux et à les mobiliser pour revendiquer leurs droits politiques et socioéconomiques. Placé sous le slogan: « Change within her hands » telle est la philosophie participative d’Amal.
En Tunisie, le programme Amal couvre six régions, à savoir le Grand-Tunis, Le Kef, Kasserine, Sousse, Kairouan et Sfax. Il vise à accompagner et à former les femmes, et à travers le travail de la femme rurale, à faire émerger un leadership et à faire en sorte qu’elles se mobilisent.
Parmi les priorités des femmes présentes : l’ envie de changer leur vie.
Pour Nessryne Jelalia, Responsable de Programme à Oxfam Tunisie : « Au début du travail avec ces femmes, il y a un an, elles nous disaient que personne ne voulait les écouter parce qu’elles essayaient de résoudre seules leur problème. Aujourd’hui quand elles se sont mobilisées et ont mené un travail d’actions collectives ensemble, elles ont pu faire entendre leur voix”.
Améliorer les infrastructures, était l’une des priorités de ces femmes présentes. Ahlem Ben Ahmed du village Mboucha, situé à Azmour dans la péninsule du Cap Bon, nous a déclaré : » Ce que j’ai évoqué, à propos de l’absence de route goudronnée, ne date pas d’hier et remonte à l’indépendance. J’ai souffert quand j’étais petite, même en grandissant et je le revis avec mes enfants car j’observe leur désarroi quand ils partent à l’école ( environ un kilomètre de trajet) où même pour aller au dispensaire. Cela m’arrive de les porter encore sur mon dos ».
D’autres comme Rafika Chagraoui ont soulevé un autre point important comme la santé, hormis le problème d’infrastructure. Elle nous parle de son expérience, la difficulté d’accéder au dispensaire : « J’ai des enfants qui souffrent d’allergie à cause de la route. Nous n’avons aucune route que nous pouvons traverser pour aller dans les régions voisines ». Et de continuer : « Même pour aller aux urgences, nous ne trouvons pas de moyen de transport, nous attendons parfois toute une journée, le trajet vers l’hôpital est de 14 kilomètres. Mon fils avait de la fièvre, il a failli mourir. Nous ne demandons pas grand -chose, seulement l’accès à la route, qui nous permettra l’ouverture de plusieurs horizons, comme l’emploi. Nous sommes allées voir le gouverneur pour protester, le résultat est le même. Sans compter que nos enfants n’ont pas malheureusement de distractions comme l’accès à Internet. Quant à moi, mon mari est un travailleur journalier, ce qui veut dire qu’il y a des jours sans. Nous manquons de tout, voilà la raison de notre participation, de faire entendre nos voix face à ce que nous vivons tous les jours, et ce, depuis des décennies », confie-t-elle.
Être mieux équipées à l’avenir, l’accès aux besoins essentiels du quotidien, aux opportunités d’emploi et aux écoles pour leurs enfants, voilà ce qu’elles réclament haut et fort. Les femmes des zones rurales sont les plus touchées par la pauvreté, la précarité du travail informel et le manque d’implication dans les décisions de la communauté. Et c’est à travers le programme Amal, qui veut dire espoir, qu’elles s’expriment dans l’attente de jours meilleurs.