« La crise de Nida Tounis est finie » se sont empressés d’affirmer les protagonistes. Les dirigeants se sont vraisemblablement rendu compte que les militants, les adhérents et les sympathisants étaient excédés par la guerre des chefs, qu’ils ne partageait pas la querelle pour la direction, alors que la société était en attente, que la crise économique se développait et que l’insécurité se propageait. Le gouvernement ne semble encore pas fait son choix entre « un libéralisme réformateur et un conservatisme autoritaire ».
Occultant le programme de Nida Tounis, vu la non appartenance du chef du gouvernement au parti victorieux, il opte pour une gestion pragmatique normale, sans objectif évident de sortie de crise et de prise en compte des cahiers de doléances. Il semble faire, jusqu’à présent, du surplace. Nous tous, nous devrions admettre que c’est l’heure du redressement et non de la distribution.
Le compromis de Nida Tounis révéle les velléités de repositionnement des acteurs. Au-delà de la divergence des lignes idéologiques, la crise de Nida Tounis atteste un combat pour le contrôle de l’appareil. D’ailleurs, dans les différents camps, on admettait volontiers vouloir exister dans les instances renouvelées et pour quoi pas prendre leurs directions. En conséquence, l’accord se réalisait plutôt sur un partage des charges : Une « nouvelle configuration du bureau politique sera formée par 10 députés, 10 membres du bureau exécutif et tous les membres du comité constitutif ». Face aux graves défis de la conjoncture, l’Establishment Nida Tounis privilégie le défi des repositionnements des dirigeants. Est-ce à dire que Nida Tounis – un puzzle de circonstances – peine à s’ériger en parti de rassemblement ? Pourrait-il, en attendant le prochain congrès, être géré par une direction désignée, dans la conjoncture de démocratisation ?
Sortie de crise peut-être ? Nida Tounes, l’appel du pays ne peut s’accommoder de « sa belle endormie », conséquence des manœuvres des concurrents. L’opération terroriste du Bardo a signé la fin de la recréation. Ils ont rappelé à tous – gouvernement, partis politiques, opinion publique -, les urgences, les défis, les attentes. La désillusion de la base suscite, un « retour de la conscience », des révisions des priorités, c’est-à-dire un retour aux normes.
Nida Tounis devrait aller à la rencontre des Tunisiens. Il devrait multiplier les déplacements, dans les régions, se mettre à l’écoute des différentes composantes de la population. Ne perdons pas de vue que Bourguiba était l’homme du terrain et non des manœuvres de chapelles. C’est ainsi qu’on prend acte des problèmes et qu’on met à l’ordre du jour leur traitement. Les partisans de Nida Tounis attendent un projet de rupture radicale et un gage de proximité avec les préoccupations des Tunisiens.