De crise en crise, d’une violence à l’autre, les temps sont durs et le constat est amer : décidément, rien ne va plus au pays de la révolution permanente et du dialogue national, cette géniale invention purement tunisienne. Qui a dit que cette même révolution était terminée, alors que pour certains, elle ne fait que commencer ? Après tout, la révolution n’est-elle pas cette boîte de Pandore qui, une fois ouverte, est difficile à refermer ? Et puis, qui a eu cette idée folle de proposer que le pays se projette désormais dans un avenir plus radieux et moins lugubre, alors qu’en même temps, les oracles nous prédisent déjà l’enfer ? Qui a dit que nos islamistes se sont assagis, alors que leur leader vient de nous rappeler avec insistance qu’il rêve toujours d’un Etat islamique pour sa chère Tunisie, un Etat à la sauce religieuse dont lui seul a le secret, tout en nous rassurant quant à l’orientation foncièrement démocratique que devrait prendre un tel Etat, démontrant au passage qu’il restait fidèle aux fondamentaux de la confrérie. Comme quoi, à chacun son discours de la méthode.
On pourrait dire autant de cette autre faune politique qui a pris en exemple Platon, Aristote, El Farabi et les autres, pour nous dire qu’elle aussi était à la recherche de cette cité vertueuse tant fantasmée, où chaque citoyen pourra trouver sa place. Mais en attendant, l’inconscience et l’irresponsabilité courent toujours et continuent de coller à la peau de nos hommes politiques comme un aveu de culpabilité. Le piètre feuilleton qui a accompagné la course effrénée à la présidence de la très convoitée Commission des finances de l’Assemblée des représentants du peuple ( ARP ) en dit long sur l’état des mœurs politiques de ce pays.
Parler dans ces conditions de fiasco, voire de chaos, n’est guère excessif. Rappelez-vous, qui a parlé de chaos inventif ? Un chaos qui peut mener tout droit à la tyrannie, et quand on sait que la tyrannie, à l’instar de l’enfer, est difficile à vaincre, on peut imaginer le reste. Faut-il encore une fois faire appel au quartet pour sauver la mise ? Heureusement qu’à force d’entendre les mêmes litanies et de voir raconter les mêmes facéties, les citoyens ont fini par acquérir un certain blindage, même si ce blindage n’est pas assez costaud pour les immuniser contre la crise de nerfs et la déprime. Alors, quand le sport décide lui aussi de s’en mêler, c’est une tout autre histoire à raconter. Qui a dit que sport et politique ne pouvaient jamais faire la paire ? Si partout, des tensions couvent, si la tentation de chercher des boucs émissaires aux crises successives, est palpable, la faute est à qui ? En plus, si l’autodérision, les blagues salaces et l’humour potache ne font plus rire, cela veut dire qu’il y a véritablement problème.